Journées du 17 Au 18 aôut : De Rangiroa vers ...Rangiroa
 
  

On a raté le dernier rendez-vous radio avec Claude et Margot, mais normalement, ils sont partis hier matin pour Faka.  Nous décidons donc de partir nous aussi.  Jean-Luc, inquiet pour l’avion qu’il doit prendre vendredi pour l’Europe avec Véro, préfère rester à Rangi.  Soit, on les abandonne donc à leur triste sort, plage et soleil pour quelques jours encore.   

Comme annoncé par Valérie et Gilles, Eole est vraiment de très mauvais poil ces temps-ci, les vagues sont hérissées ; conditions infernales pour le pauvre Ataram et son équipage.  Grains sur grains, pendant lesquelles ça souffle à 30-35 nœuds.  Pour ne pas être surtoilé dans les grains, on doit être sous-toilé entre ceux-ci…Parce qu'on a pas le temps de modifier la voilure entre les grains, qui dure 20 minutes toutes les 40. Ca nous rappelle nettement une journée de navigation vers Fatu Hiva, aux Marquises.  Cap merdique, vitesse nulle, et en plus, comme annoncé, 2 noeuds de courant dans le nez ! 8 heures après notre départ, nous avons parcouru 25 milles vers notre objectif.   A bord, deux vrais malades, un comateux et les autres mal en point, y compris les z’ataramiens permanents, qui remonteront chacun à leur tour tout verts de la cuisine ou de la table à carte.  Seul Amin assure vraiment (on va l’engager celui-là !).  Ca tape dans tout les sens.  Vers 20 heures, nous avons un contact radio avec Claude, qui nous apprend qu’il est rentré sur Moorea, vu le temps exécrable ; il a dit : « 35 nœuds dans le nez »…sans blague !  Notre motivation à continuer à se faire branler deux jours de plus tombe encore d'un cran et on décide de faire demi-tour.  Après tout, il y a encore un tas de choses à faire à Rangiroa, quelques requins à taquiner, un peu de planche à voile, passer une soirée autre soirée avec Gilles, Valérie et Aurélia restés là-bas.  Cette fois, Eole nous pousse dans le dos, ainsi que le courant, et en 3  heures, on est de nouveau devant la passe.  Malheureusement il fait nuit noire et les passes la nuit, on hésite à refaire !  On se met donc à la cape devant l'entrée, dans les grains et un vent déchirant l'écume à plus de 40 nœuds par moment.  Pas la meilleure des nuits qu'on ait passé en mer ! Mais Ataram se comporte très bien, c'est rassurant pour l'avenir.

Ca y est, le soleil perce les nuages, la pluie diminue, on va pouvoir entrer.  On borde les voile pour prendre un max de vitesse, on allume le moteur pour le cas ou il devrait appuyer les voiles et on se lance.  Le courant est sortant et ça bouillonne comme jamais devant nous.  On a l'impression que la mer est en ébullition mais il faut passer.  On passe à travers les bouillonnement extérieurs sans trop se faire secouer et on pénètre dans la passe proprement dite.  Là, c'est l'horreur, des vagues énormes déferlent de partout.  Tous sur le pont on se regarde hébété; il faut absolument maintenir le bateau dans la ligne des vagues, surfer droit, sinon c'est la catastrophe, l'embardée, le mât dans l'eau puis la collision avec le récit. Le barreur sue dans son ciré.  Les autres aussi sans doute.  Trois vagues sont négociées, il n'est plus question de faire marche arrière, le moteur à son régime max. La quatrième nous prend inévitablement par le travers et c'est l'embardée; Ataram se met en travers de la vague, prend de la gîte et on file vers le récif.  On parvient à redresser mais Ataram file dans l'autre sens, tel une voiture incontrôlable sur le verglas.  Mais on récupère la bonne trajectoire, tous verts de peur. On sort des déferlantes. L’appui du moteur reste nécessaire pour entrer dans l’atoll car le courant sortant est très fort.  Probablement à cause des conditions météo : les vagues passent au-dessus du récif, et remplissent le lagon : c’est le phénomène dit de « l’ensachage ».  Le trop plein s’évacue par les passes, il n’y a plus d’inversion de courant due à la marée, le courant est sortant tout le temps, seule sa force varie.  Mais on arrive quand même à rentrer.  Il ne nous reste plus qu'à poser l'ancre et à roupiller pour récupérer de notre (très) courte nuit.   

Mais la sieste elle-même sera brève, tout le monde vient aux nouvelles : les monos du centre de plongée, Gilles, et surprise, Laurent, copain d’univ que l’on a plus vu depuis quelques années, et sa femme Sophie, qui sont en voyage de noce en  Polynésie.  On est tous ravis de retrouver des bruxellois ! Laurent et Sophie nous invitent à manger dans leur très chic hôtel de lune de miel.  Excellente soirée cancan.  Le lendemain, c’est à notre tour de les inviter.  Mais ils ne supportent pas le roulis d’Ataram.  On va donc squatter la terrasse de leur joli bungalow sur pilotis, improvisant un diner-camping avec couverts plastiques, bière en canette et en vedette, la lasagne de Philippe.  La tête héberluée des voisins vaut le coup.  On adore ! Seconde soirée cancan, souvenir du « bon vieux temps », nouvelles de  copains communs, et des autres.  Génial, tout-à-fait ce qu’il nous fallait. 

Nuit un peu mouvementée car le vent a encore soufflé fort, faisant rouler Ataram au mouillage.  Rien de comparable cependant avec la nuit précédente et on est de nouveau en pleine forme pour quelques plongées et autres excursions en planche à voile.