Départ pour
Papeete à 10 h du mat. On sort par la passe d’Avatoru, celle
de Tiputa, allez savoir pourquoi, on préfère pas, on l’a
assez vue… Quelques milles au près, et on va pouvoir foncer
au portant vers Papeete, pour y pêcher les parents de Philippe.
Après une heure
de nav, Amin, à la barre, demande s’il est possible qu’il arrive
en butée (c’est-à-dire que la barre soit tournée à
fond), bien que l’on continue à avancer droit parce que, par exemple
le bateau serait ardent. Un peu condescendant pour le nouveau venu,
les z'ataramiens répondent "non" en cœur. Sur ce, la ligne
de pêche se tend, on a ferré un poisson ! Comme on tire
un bord vers Rangi, et que l’on est proche de l’île, on décide
de virer pour le reprendre sur l’autre bord. Dix minutes plus tard,
en pleine pêche, Amin plus inquiet, demande un contrôle de
sa sensation. Merde. La barre ne tourne plus ! Eric descend
dans la cale voir ce qui cloche, et n'y trouve rien de visiblement
cassé. De toutte façon, pour le moment, tout le monde
se concentre sur le poisson, personne n'est interessé par son rapport
d'avarie, les estomacs d'abord ! Quand la prise est découpée,
on peut se consacrer à la panne : oobserve le safran par l’extérieur
: rien ne le bloque, pas de filet, pas de bout.
Phil à l’inspiration
des bricoleurs, et descend à son tour. Il diagnostique le
problème : la clavette, pièce qui sert à solidariser
la mèche du safran et le secteur de barre (la pièce qui reçoit
les drosses qu’entraine la barre à roue) est tombée, le secteur
de barre a glissé autour de l’axe, il est maintenant en butée.
Cela veut dire que nous n’avons plus aucun système de direction
: le pilote automatique influe sur le secteur, bloqué, et
la barre agit sur la mèche du safran, qui ne peut tourner que dans
un sens parce que bloquée par le secteur (bloqué, ce que
vous savez si vous avez bien suivi). Pratique ! Phil va passer deux
heures en dessous, pour remettre tout en ordre. Heureusement, la
mer n’est pas trop infernale, et on se dirige de manière satisfaisante
en agissant seulement sur les voiles. On arrivera même à
avancer sur le cap, au ralenti, pour nous permettre d’orienter la barre
franche selon les ordres de Phil, hurlant du fond de son trou. Le
problème réparé, on repart à fond. Il
faut rattraper le temps perdu. Tout va bien, même si pris d’angoisses
au milieu de la nuit, Eric s’en va resserrer tous les boulons à
fond de cale, réveillant Pierre un peu ahuris (pour une fois que
lui n'angoisse pas !)
Le soir, on a bouffé
de la daurade, et on a eu Claude en radio. Il nous fait remarquer
que sous nos airs de pas chanceux, on a en fait un ange gardien attentif
: si la même chose était arrivé dans une des passes…au
revoir Ataram…En attendant, celui qui n’a pas été exactement
attentif, c’est le type qui a remonté la barre, après avoir
remis notre arbre d’hélice. Ce n’est sans doute pas un hasard
que cela nous arrive quelques jours après sa manipulation…
Notre arrivée
à Tahiti se fait dans des conditions désormais classiques
: nuageux, grains sur grains (mais cette fois, ils sont venteux).
Au moment de se mouiller cul au quai, plus de guindeau, il faut faire la
manœuvre à la main (ou plutôt au pied). Chouette.