Aujourd’hui
nous allons rattraper le manque d’activité d’hier. Dès
7h30, Philippe et Eric partent pour une ballade à cheval.
Pendant 4 heures, ils sillonnent cette île décidément
superbe. C’est comme une portion de campagne très verte posée
sur l’eau, des collines couvertes d’herbes ou de petits arbustes se découpant
sur l’horizon bleu. Des petites maison sont réparties au détour
des chemins, tantôt réunies en petits villages, tantôt
isolées. On croise des habitants vaquant à leur
occupation, qui semblent encore très intrigués de croiser
un blanc. Les jeunes enfants nous interpellent d’ailleurs en utilisant
ce mot, manifestement sans connotation raciste, mais identifiant l’étranger.
On nous a raconté que les noirs de l’armée américaine
en mission ici étaient aussi qualifiée de « blancs
», même lorsqu’il sont plus foncés que le plus foncé
des haïtiens. Quand les blancs répondent en utilisant
les trois mots de créole (kreyol) qu’ils commencent à maîtriser,
c’est du délire !
Nous n'avons
pas précisément l'allure de coloniaux visitant leurs terres;
il s'en faut de beaucoup. La taille des chevalaux doit y être pour
quelque chose : modèle poney maigrelet, ils ont beaucoup de mal
à supporter notre poids. Celui d'Eric l'inquiètera
particulièrement; mais ces bêtes ont l'habitude de travailler,
et elles nous ramèneront bravement à destination.
Après
ces exploits équestres, les aventures sous-marines. Nous partons
avec Jacques pour tenter de récupérer des casiers à
langouste qui reposent par 30 mètres de fond suite au vol des bouts
qui les relient à la bouée. Grâce au GPS,
Jacques connaît très précisément les positions
des lignes de casiers qu'il mouille. Il largue Pierre et Eric juste
au-dessus. Ils n'ont plus qu'à descendre jusqu'à
30 mètres et trouver des casiers en bois de +/- 80x50x30 cm, peut-être
reliés par un bout entre eux. Grâce à son sondeur,
Jacques nous a aussi décrit précisément la nature
et la géographie des fonds. Nous ratissons méthodiquement
le fond. Au bout de 20 minutes, chance, on aperçoit un casier.
Double chance, il est encore relié aux autres; seul le bout le reliant
à la bouée de surface a été coupé.
Il suffit de frapper le bout que nous traînons derrière nous,
et les hommes de Jacques peuvent remonter les casiers avec un treuil mécanique.
Très
très content de nous, on fait les modestes satisfaits d'avoir pu
rendre ce petit service (au lieu de monnayer nos talents désormais
évidents !). Le bateau se rend sur le lieu de la deuxième
ligne de casiers.
Les bouteilles
contenant moitié moins d'oxygène, nous sommes pressés.
On descend vite, et Eric perd le bout qui nous relie à la surface.
On finit par trouver un casier, puis plusieurs. Mais cette fois,
toutes les cordes ont été volées, et chaque casier
est isolé. Sans bout, et avec peu d'oxygène, il est
difficile de les récupérer tous. De tout façon,
les casiers ne valent pas tellement en soi, c'est le travail de construction
de la ligne qui donne sa valeur à l'ensemble. On choisit un
casier qui contient quelques langoustes, et on le remonte en gonflant nos
gilets.
On a gagné
notre repas de ce soir : orgie de langouste.