Journée du 7 avril 98 : Ile à vache
 
Aujourd’hui nous allons rattraper le manque d’activité d’hier.  Dès 7h30, Philippe et Eric partent pour une ballade à cheval.  Pendant 4 heures, ils sillonnent cette île décidément superbe.  C’est comme une portion de campagne très verte posée sur l’eau, des collines couvertes d’herbes ou de petits arbustes se découpant sur l’horizon bleu.  Des petites maison sont réparties au détour des chemins, tantôt réunies en petits villages, tantôt isolées.   On croise des habitants vaquant à leur occupation, qui semblent encore très intrigués de croiser un blanc.  Les jeunes enfants nous interpellent d’ailleurs en utilisant ce mot, manifestement sans connotation raciste, mais identifiant l’étranger.  On nous a raconté que les noirs de l’armée américaine en mission ici étaient aussi qualifiée de « blancs », même lorsqu’il sont plus foncés que le plus foncé des haïtiens.  Quand les blancs répondent en utilisant les trois mots de créole (kreyol) qu’ils commencent à maîtriser, c’est du délire !  

Nous n'avons pas précisément l'allure de coloniaux visitant leurs terres; il s'en faut de beaucoup. La taille des chevalaux doit y être pour quelque chose : modèle poney maigrelet, ils ont beaucoup de mal à supporter notre poids.  Celui d'Eric l'inquiètera particulièrement; mais ces bêtes ont l'habitude de travailler, et elles nous ramèneront bravement à destination. 

Après ces exploits équestres, les aventures sous-marines.  Nous partons avec Jacques pour tenter de récupérer des casiers à langouste qui reposent par 30 mètres de fond suite au vol des bouts qui les  relient à la bouée.  Grâce au GPS, Jacques connaît très précisément les positions des lignes de casiers qu'il mouille.  Il largue Pierre et Eric juste au-dessus.  Ils n'ont plus qu'à descendre  jusqu'à 30 mètres et trouver des casiers en bois de +/- 80x50x30 cm, peut-être reliés par un bout entre eux.  Grâce à son sondeur, Jacques nous a aussi décrit précisément la nature et la géographie des fonds.  Nous ratissons méthodiquement le fond.  Au bout de 20 minutes, chance, on aperçoit un casier.  Double chance, il est encore relié aux autres; seul le bout le reliant à la bouée de surface a été coupé.  Il suffit de frapper le bout que nous traînons derrière nous, et les hommes de Jacques peuvent remonter les casiers avec un treuil mécanique. 

Très très content de nous, on fait les modestes satisfaits d'avoir pu rendre ce petit service (au lieu de monnayer nos talents désormais évidents !).  Le bateau se rend sur le lieu de la deuxième ligne de casiers. 

Les bouteilles contenant moitié moins d'oxygène, nous sommes pressés.  On descend vite, et Eric perd le bout qui nous relie à la surface.  On finit par trouver un casier, puis plusieurs.  Mais cette fois, toutes les cordes ont été volées, et chaque casier est isolé.  Sans bout, et avec peu d'oxygène, il est difficile de les récupérer tous.   De tout façon, les casiers ne valent pas tellement en soi, c'est le travail de construction de la ligne qui donne sa valeur à l'ensemble.  On choisit un casier qui contient quelques langoustes, et on le remonte en gonflant nos gilets. 

On a gagné notre repas de ce soir : orgie de langouste.