Toujours
sous spi, vers le canal. On garde la toile toute la nuit ; cela demande
des quarts vraiment attentifs, mais c’est « rentable », on
abat de la route.
Peu après
le lever du soleil, la terre apparaît ! Bientôt, nous
pouvons remettre un point sur la seule carte de la traversée que
nous ayons : celle des abords de Port Cristobal.
On voit de plus
en plus de bateaux qui convergent vers l’entrée du canal.
Bientôt
on aperçoit les énormes grues des installations portuaires,
dressés dans le ciel. On arrive devant le brise-lame qui ferme
la baie de Port Cristobal. D’énormes balises en marquent l’entrée.
La houle Atlantique se brise sur les tonnes de béton; interdite
d’accès, là-bas, c’est vers le Pacifique. Devant la baie,
dans la zone d’ancrage, des tas de bateaux, cargos, tankers, porte-conteneurs.
On entre sous voile sans savoir si c’est permis, puisque que l'on ne dispose
pas des instructions nautiques…(ah oui, on ne vous a pas dit qu’en plus
des cartes, nous n’avions pas non plus de documents nautiques…bonjour les
blaireaux !). Passé le brise-lame, la mer se calme, instantanément.
Ataram glisse entre les énormes bêtes d’acier au mouillage.
Nous repérons bientôt des mâts de voiliers qui nous
permettent de savoir où aller (la tribu des voileux étant
très grégaire, elle se mêle peu aux tankers de 255000
tonnes, préférant la fréquentation de ses congénères).
Toujours sous
voile, nous entrons dans la marina du Panama Canal Yacht Club. On
se fait une petite place à quai (il doit y avoir 30 centimètres
sous la quille). Voilà, on y est ! 13 avril, 12 heures
30.
On va pouvoir
démêler la rumeur.
Les formalités
s’enchaînent. D’abord l’immigration pour l’équipage,
ensuite la douane pour le bateau. Problème : pour entrer au
Panama, il faut présenter la clearance out (zarpe en espagnol administratif,
autorisation de sortie du pays, qui indique que l'on quitte le pays en
règle) du dernier port. Or en Haïti, nous n’avons pas
trouvé de bureau de douane dans les endroit où nous étions
; nous n’avons donc aucun document pour le bateau… Futé, nous décidons
de déclarer que nous arrivons de La Romana, en République
Dominicaine. Bien vu, on ne trouve pas la zarpe de là-bas.
Bien embêté, on explique au fonctionnaire que l’on va revenir
avec… Bien entendu, de retour au bateau, on a beau le retourner dans
tous les sens, pas de zarpe. Chouette ! Il est bien sûr
impossible d’entamer les formalités de passage du canal, auprès
de la Panama Canal Commission sans avoir réglé tous les formalités
de douane. Cela présage quelques heures réjouissantes
…
Mais la bonne
nouvelle, c’est que les rumeurs semblent infondées ; le canal n’a
pas augmenté et le prix du passage n’est pas sciemment ralenti.
Il y a néanmoins un peu plus d’attente parce que de nombreux bateaux
se sont précipités pour éviter l’augmentation annoncée…
A bas les rumeurs et les colporteurs de rumeurs !
Nos voisins de quai
sont des finlandais de notre âge. Ils ont une planche sur leur
bateau, ils font aussi de la plongée, ils ont un programme similaire
au nôtre, puisqu’ils prévoient de rentrer en Finlande en septembre
1999, mais par l’océan Indien et la mer Rouge. Plus amusant,
on apprend qu’ils ont un ordinateur à bord, et un téléphone
satellite. Et à quoi cela leur sert-il ? A entretenir
un site et à envoyer des e-mails à …des classes finlandaises
qui suivent leur voyage. Ils sont sponsorisés par différents
organismes, dont une institution d’Helsinki compétente pour des
matières d’éducation, le Helsinki education department !
Nous ne sommes donc pas très originaux ! Par contre, malgré
nos retards hallucinants, nous avons rencontré plus forts que nous
: parti depuis le 2 août 1997, ils ont mis plus de 6 mois pour avoir
un site en ordre de marche…Sans nous donner bonne conscience, cela nous
console. Et, devinez quoi… plus prévoyant que nous, ils ont
embarqués trois ordinateurs; et bien, deux sont en panne.
Cela ne présage rien de bon pour nous ! Ils font aussi une
émission radio quotidienne, ce que nous espérons pouvoir
faire dès que nos ennuis de téléphone seront réglés.
Bref, ils nous ont volé toute nos idées !
Vous
pouvez les lire (pour le moment uniquement en finlandais, mais ils espèrent
une traduction rapide en anglais) : www.renata.edu.hel.fi
Vous pouvez même
leur écrire : renata @edu.hel.fi
Ils sont trois, Antti,
Reko et Sanna sur Renata, sloop en bois de +/- 10 mètres.
Notre conversation
nocturne s’achève bientôt, ils passent le canal demain.