Les trois premiers
jours de la traversée sont bien ventés, et l’on fonce vers
les Tuamotu. L’archipel était surnommé « l’archipel
dangereux », parce que ces atolls de corail, extrêmement bas
sur l’eau sont baignés de courants violents et le temps y est variable.
Avant la généralisation du GPS, les plaisanciers évitaient
l’archipel dans leur trajet vers les îles de la société.
Avec le GPS et de l’attention, on peut maintenant passer au travers.
C’est ce que nous ferons. Mais sans doute pour renforcer la réputation
de coin à ne pas fréquenter, le vent tombe complètement
et on est scotché entre les îles Palisser. Arutua, Apataki
et Kaukura semblent pourtant aussi jolis et exotiques que ne laisse le
supposer leurs noms, mais on n’a pas le temps cette fois, alors, on prie
Eole. Prière sans succès, Eole interprète mal
nos demandes et nous donne un spectacle étonnant : le vent de nord-est
est passé est, puis sud-est, puis s’éteint tout à
fait pour renaître d’ouest. Les nuages passent dans un sens,
puis dans l’autre, toujours chargés de pluie ! La nuit passe
malgré tout. Au matin du 11 juillet, on devrait apercevoir
Tahiti à presque 40 milles s’il faisait beau, d’après les
instructions nautiques. Il fait immonde, et on devinera un petit
morceau de côte à quelques milles. On se prend des grains
noirs comme la fin du monde, sous lesquels il pleut des gouttes grosses
comme des billes et où le vent… ben non le vent reste aux abonnés
absents, même là ! Au moteur, grand-voile pour s’équilibrer,
on arrive à Tahiti, la nouvelle cythère. A la radio,
on suit la course de pirogue Papeete-Moorea, événement majeur
des fêtes du Heiva. On devrait les voir, on ne voit que du gris…Tout
arrive, le ciel s’éclaircit un peu, et on peut admirer Tahiti avant
d’entrer dans le port de Papeete.
On découvre
ce port mythique…A gauche, des chantiers marins, puis des cargos.
Plus loin, les bâtiments de la marine française. Là
bas, devant le boulevard Pomare, les voiliers mouillés, une ancre
à l’avant, des bouts à terre. Parmi eux, avec une place
juste pour nous, Voyou, le bateau de Claude et Margot ! Joyeuses
retrouvailles avec Claude, Margot est aux Etats-Unis. On en oublie
un petit peu beaucoup notre liste de course pour aujourd’hui. On
est à Tahiti quoi !
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