Journées du 19 juillet  au 2 aôut : Papeete (Tahiti)
 
 
Le dimanche arrive, et on n’est pas prêt.  Caroll veut voir les îles. Les autres, pas Tahiti.   Qu’à cela ne tienne : Piet et elle partent en éclaireur à Moorea, on les rejoindra plus tard (lundi soir normalement).  Lundi, devinez,  courses pour Philippe et Eric.  Trop à faire pour deux, nous ne sommes pas vraiment prêt dans les temps.  Tant pis , il faut honorer le rendez-vous.  On part tard, et après une petite traversée (Moorea est juste en face de Papeete, et nous avons rendez-vous dans la baie la plus proche), on entre dans la baie de nuit.   

L’entrée est balisée, mais après, plus de lumière, pas de lune… On ne comprend pas la configuration des lieux.  Il y a plein de mâts au fond de la baie ; une marina tellement réçente qu’elle n’est pas signalée sur nos documents nautiques.  On ignore donc comment la rejoindre.  La ligne droite est rapidement exclue après un essai infructueux, heureusement sans conséquence. Après une approche difficile, on aperçoit enfin Pierre et Caroll sur la berge.  On essaye de lui demander de nous indiquer le chenal d’accès, mais on se comprend mal, il est trop loin.  Le résultat de notre conversation, c’est que nous nous foutons en confiance sur un récif.  Heureusement, on  n’allait pas vite.  Comme le bateau touche à l’avant, petit coup de marche arrière pour nous dégager…Mauvaise idée, le récif n’était pas que devant, mais forme un arc de cercle, et l’hélice heurte le corail.  Moteur éteint, on mouille l’ancre, et on se déhale dessus.  Pour compléter le tableau, le winch rend l’âme dans la manœuvre.   

Philippe va chercher Pierre et Caroll à terre.  A quatre, on évalue les dégâts : arbre d’hélice tordu, au moins.  Tout le bateau tremble quand l’hélice tourne.  Au ralenti, on entre dans la marina (facilement, cette fois, avec les explications directes de Pierre, et quand même, des cris venant d’un bateau qui nous permettent d’éviter une dernière patate, le coin est mal famé).   Moral très très bas sur Ataram cette nuit.   

De grand matin, Claude arrive de Papeete.  On lui fait évidemment partager notre dernière ataramiade, et on fait appel à son expertise.  Son diagnostic est sans appel : faudra sortir le bateau de l’eau.  Commence un ballet téléphonique pour trouver un chantier.  Chance dans notre malheur, malgré la haute saison, nous trouvons un chantier qui peut monter Ataram demain.  Les prix sont déprimants bien sûr.  On va devoir faire appel à notre assureur, mais on supporte une lourde franchise.  Déprime financière donc.  Et pour Caroll, grosse déprime : elle ne passera pas ses vacances sur Ataram ! Drôle de fête nationale  (oui, nous sommes le 21 juillet).   

Nous rentrons à Papeete sous voile seule  pour ne pas abîmer plus le moteur et la structure.  Le bateau est monté au le chantier Technimarine.  Pierre et Caroll s’en vont improviser des vacances à Bora-Bora.  Phil et riquet font les mécanos.  

Le chantier prend en charge les grosses réparations, et nous en profitons pour bricoler sur Ataram.  Plus que jamais, nous vivons dans les magasins nautiques, élargissant notre champ d’action au tourneur et autres ouvriers qualifiés. Et le soir, depuis le pont d’Ataram, posé sur son ber à trois mètres de hauteur dans le chantier, nous regardons Moorea.  Le concours du Heiva est terminé, mais les groupes vainqueurs font maintenant des exhibitions.  On squatte les exhibitions.  Ca nous console de passer nos journées au chantier.  On y passe d’ailleurs même le week-end (au chantier, comme au Heiva).   

Le dimanche, Isabelle arrive de Bruxelles pour des longues vacances.  Bienvenue au chantier miss ! 

Le mardi soir, quand Pierre et Caroll reviennent de Bora-Bora, ravis de leurs vacances, ont doit leur dire que tout n’est pas terminé.  

Le jeudi, remise à l’eau  enfin !  Mais notre soulagement est de courte durée.  Lors des essais moteur, on constate des vibrations tout-à-fait anormales.  On ne doit pas être cent pour chercher la source, et Isabelle, Pierre et Caroll repartent donc à Moorea, voir des plages.  Les deux mêmes amateurs sont de corvée.   

Le mécano, après une après-midi passé dans notre moteur, nous dresse une liste de possibilités, de la plus probable à la plus étrange, de la plus facile et meilleure marché à réparer à la plus compliquée, et la plus chère aussi.  Parmi les première, une évidence : l’hélice peut avoir souffert dans le choc.  Incroyable mais vrai, cela n’a pas été vérifié ! Seuls les militaires ont le matériel pour vérifier l’équilibrage d’une hélice, et le cas échéant, la rééquilibrer.  Mais ils ne peuvent le faire demain vendredi, et bien sûr ne travaillent pas ce week-end.  Le boss du chantier nous pousse donc à aller passer le week-end à Moorea.  Bonne idée, d’autant qu’on a un équipier de plus : Amin, le frère de Pierre est arrivé dans la nuit de jeudi à vendredi.  Il est plus motivé par une petite nav vers un lagon que par un week-end dans un chantier désert.   

Petite ataramiade pourtant : Caroll doit prendre son avion samedi à cinq heures du matin, elle est à Moorea on ne sait où, et ses affaires sont sur le bateau.  Pierre devait prendre la VHF pour communiquer, mais il a oublié.  Après une traversée sans problèmes, nous attendons vainement un signe de vie.  A 14 H, sans nouvelles, Eric part attendre au terminal des ferrys.  Le dernier pour Papeete est à 16 h ;  à 15 h, pas de nouvelles.  Sont-ils déjà parti ?  Nous serions-nous croisé en mer ?  Eric décide de rentrer au bateau, faire les affaire de Caroll, et de retourner au ferry.  S’il ne voit rien venir, il embarquera sur le dernier.  Course à pied, puis course de dinghy.  On empile les affaires à la va-vite.  Puis soudain, des cris : Pierre est dans l’eau, au milieu de nulle part, debout sur des coraux.  On va le chercher, Caroll est plus loin, sur la rive.  Plus le temps de faire l’aller et le retour, Pierre est chargé de vérifier que l’on a rien oublié.  Retour à terre à fond.  Les sauveteurs de Pierre et Caroll, de amis qu’ils ont rencontré à Bora Bora les attendent pour les réembarquer vers le terminal…ouf, elle aura son ferry, et donc son avion.  Reste à récupérer Isabelle qui était avec Pierre et Caroll.  Quand Pierre a eu la certitude que nous étions bien à Moorea, suite à un coup-de-fil au chantier, Isabelle faisait une de ses multiples explorations sous-marines.  Pas le temps d’attendre son retour, un petit mot déposé sur sa serviette l’enjoint juste de ne pas bouger.  Eric doit donc la retrouver à plus de 30 km, sur une plage.  L’aller en stop est facile.  Le retour, vu l’heure s’annonce plus délicat (le dernier ferry est parti, et il est le motif de l’essentiel des trajets autour de l’île), quand surprise, une camionnette s’arrête pile : à son bord, Zoé, une copine que Eric à perdu de vue depuis à peu moins de 10 ans.  Elle est installée ici depuis quelques mois ;le moniteur du club de plongée où elle passait des vacances lui a pris son cœur. Il y a pire comme endroit pour suivre son homme en tout cas !   On se verra demain donc.  On termine encore en stop, pris par des Tahitiens, et des tour-du-mondistes au féminin, manifestement atteintes par la même syndrome que Zoé.  Fin de cette journée pleine de rebondissement.  Au retour de Pierre, le lendemain, on apprend que l’on a oublié la moitié des affaires de Caroll… 

Dimanche 2 août, arrivée à Moorea de Claude, cette fois accompagné de Margot, qui est arrivée des Etat-Unis.  Grosse bouffe sur Ataram avec les trois équipages, Voyou, Bandit (Bob, Linda et leurs deux petits monstres), et Ataram.  Concours de gâteau, pancakes, muffins etc…Re-bouffe programmée ce soir.  Eric va manquer ça parce qu’il part à Papeete pour accueillir Véro et son frère qui arrivent cette nuit (tous les vols en provenance d’Europe atterrissent entre 3 et 5 heures du mat).  A six heures du mat, les nouveaux arrivant prennent le premier ferry, pour un aller-retour : il faut ramener Ataram au chantier.  Première navigation de Jiji et de Véro.  Pas très venté !  

Dès notre arrivée, on démonte l’hèlice, sous l’eau, sans devoir remonter le bateau.