La
matinée commence par les formalités de douanes (appelées
aussi clearance) que nous devons faire pour nous rendre à Saint-Martin.
A 8h 45, on
appareille; la mer est ridée, il y a 1 à 2 beaufort soufflant
du Nord Ouest, ce qui a pour conséquence qu'on va encore devoir
naviguer au près !
Vers 13h, on
s'est considérablement écarté de la Guadeloupe et
il y a un bon 4 beaufort et nous filons vers Montserrat poussé par
une longue houle qui nous arrive directement de l'océan Atlantique.
Vers 16h 30,
nous arrivons à Montserrat
dont nous longeons la côte au vent. La moitié de l'île
a été dévastée par son volcan il y a quelques
mois, obligeant une partie de la population à se réfugier
dans la partie de l'île non touchée mais aussi vers les îles
environnantes. Le volcan crache toujours d'énormes nuages blancs
qui se mèlent aux nuages, et la côte a un petit air de fin
du monde effrayant. Le relief de l'île a en effet été
bouleversé et depuis Ataram, nous aperçevons des villages
entiers ensevelis sous des tonnes de poussière grise.
Le soleil se
couche et nous entammons notre rythme de quart (2 heures pour Eric, puis
2 heures pour Philippe, assisté d'Eric puis de Pierre (Philippe
vient seulement de débarquer et il préfère faire ses
premières navigations de nuit "avec assistance"); 2 heures pour
Pierre puis on recommence).
Nous sommes
maintenant sous des allures portantes, de sorte qu'Ataram file à
une moyenne de 7-8 noeuds. A ce rythme, on arrivera beaucoup plus tôt
que prévu.
Vers 4 heures
du matin un petit grain (pluie accompagnée d'une augmentation sensible
du vent) nous cueille au large de l'île de Saint-Barth.
A 5h 30, on
arrive à Groot baai, dans la partie Hollandaise de l'île de
Saint-Martin. On met l'ancre en attendant que le jour se lève.
Vers 6 heures,
on se met à quai pour faire le plein de gasole. L'endroit est vraiment
sinistre. Ici, tout est sale, pollué, industrialisé et pour
achever le tableau, il pleut. Le pompiste nous conseille de ne pas aller
au ponton et de se remettre sur notre ancre, ce que nous faisons. Cependant,
les fonds sont de mauvaise tenue et on constate assez vite que notre ancre
dérape, ce qui nous oblige à la reprendre pour aller mouiller
un peu plus loin. C'est évidemment à ce moment précis
qu'un nouveau grain se déverse sur Groot Baai et nous re-mouillons
dans une ambiance "mer du nord au mois d'octobre". Bref, ce coin, on commence
vraiment à l'adorer.
L'anecdote du
jour concerne Eric dont la cabine et en particulier les livres qui se trouvaient
dedans, ont été aspergés de gasole lorsque nous avons
fait le plein. Il y a donc une délicieuse petite odeur qui règne
dans le carré d'Ataram.
En fin de journée,
Eric qui n'en est décidément plus à une odeur près
décide de recoller les vaigrages (revêtement intérieur)
de sa cabine avec une colle dont l'odeur rivalise aisément avec
celle du gasole.
Le soir, on
décide d'aller mouiller dans la baie de Marigot, dans la partie
française de l'île, où nous avons rendez-vous avec
nos amis demain.