Journée du 12 et 13 Mars 98 Départ : Guadeloupe Arrivée : Saint Martin
 
La matinée commence par les formalités de douanes (appelées aussi clearance) que nous devons faire pour nous rendre à Saint-Martin.  

A 8h 45, on appareille; la mer est ridée, il y a 1 à 2 beaufort soufflant du Nord Ouest, ce qui a pour conséquence qu'on va encore devoir naviguer au près ! 

Vers 13h, on s'est considérablement écarté de la Guadeloupe et il y a un bon 4 beaufort et nous filons vers Montserrat poussé par une longue houle qui nous arrive directement de l'océan Atlantique. 

Vers 16h 30, nous arrivons à Montserrat dont nous longeons la côte au vent. La moitié de l'île a été dévastée par son volcan il y a quelques mois, obligeant une partie de la population à se réfugier dans la partie de l'île non touchée mais aussi vers les îles environnantes. Le volcan crache toujours d'énormes nuages blancs qui se mèlent aux nuages, et la côte a un petit air de fin du monde effrayant. Le relief de l'île a en effet été bouleversé et depuis Ataram, nous aperçevons des villages entiers ensevelis sous des tonnes de poussière grise. 

Le soleil se couche et nous entammons notre rythme de quart (2 heures pour Eric, puis 2 heures pour Philippe, assisté d'Eric puis de Pierre (Philippe vient seulement de débarquer et il préfère faire ses premières navigations de nuit "avec assistance"); 2 heures pour Pierre puis on recommence). 

Nous sommes maintenant sous des allures portantes, de sorte qu'Ataram file à une moyenne de 7-8 noeuds. A ce rythme, on arrivera beaucoup plus tôt que prévu. 

Vers 4 heures du matin un petit grain (pluie accompagnée d'une augmentation sensible du vent) nous cueille au large de l'île de Saint-Barth. 

A 5h 30, on arrive à Groot baai, dans la partie Hollandaise de l'île de Saint-Martin. On met l'ancre en attendant que le jour se lève. 

Vers 6 heures, on se met à quai pour faire le plein de gasole. L'endroit est vraiment sinistre. Ici, tout est sale, pollué, industrialisé et pour achever le tableau, il pleut. Le pompiste nous conseille de ne pas aller au ponton et de se remettre sur notre ancre, ce que nous faisons. Cependant, les fonds sont de mauvaise tenue et on constate assez vite que notre ancre dérape, ce qui nous oblige à la reprendre pour aller mouiller un peu plus loin. C'est évidemment à ce moment précis qu'un nouveau grain se déverse sur Groot Baai et nous re-mouillons dans une ambiance "mer du nord au mois d'octobre". Bref, ce coin, on commence vraiment à l'adorer. 

L'anecdote du jour concerne Eric dont la cabine et en particulier les livres qui se trouvaient dedans, ont été aspergés de gasole lorsque nous avons fait le plein. Il y a donc une délicieuse petite odeur qui règne dans le carré d'Ataram. 

En fin de journée, Eric qui n'en est décidément plus à une odeur près décide de recoller les vaigrages (revêtement intérieur) de sa cabine avec une colle dont l'odeur rivalise aisément avec celle du gasole.  

Le soir, on décide d'aller mouiller dans la baie de Marigot, dans la partie française de l'île, où nous avons rendez-vous avec nos amis demain.