Les Glaciers
 
 
Tout au long de notre descente des canaux de Patagonie, nous avons rencontré de nombreux glaciers, les uns venant se jeter dans les eaux salées où nous nous trouvions, les autres restant dans les reliefs accidentés que nous apercevions de loin, ou se jettant dans des lacs invisibles pour nous.  D'où viennent ces énormes masses de glaces, quels chemins suivent-elles ?  Un glacier, disparait-il parfois ?  Nous allons tenter ici de répondre à certaines des questions qui vous passeraient par la tête au sujet de ces monstres aux reflets bleutés. 
 
 
Ataram se promène parmi les icebergs détachés du glacier dela lagune de San rafael La création des glacier : Lorsqu'elle tombe, la neige se transforme en glace, au terme d'un processus long et complexe.  En résumé, au fur et à mesure des précipitations neigeuses, les flocons deviennent de plus en plus compacts, écrasés par le poids des couches qui s'accumulent.  A un certain moment, la limite de tassement de la neige survient mais la pression due au poids continue d'augmenter.  A ce moment, les poches d'air contenues dans la neige se font plus rares.  Lorsqu'il ne reste plus que quelques poches d'air emprisonnées, le tassement continue et les cristaux changent de forme et de taille pour finalement aboutir à la glace telle qu'on la connaît.  C'est donc sous l'effet de la pression que se forme la glace.  Cette pression résulte généralement de la pression atmosphérique mais il arrive en certaines régions que ce soit la force du vent qui écrase la neige sur le relief, on parle alors de glacier de poudrerie. 
 
L'évolution des glaciers :  Une première caractéristique des glaciers est qu'ils bougent, descendant les montagnes en épousant les reliefs de celles-ci, ou se rétractant. Leur vitesse est variable.  Certains avancent d'1 Km par an, d'autres se contentent de quelques centimètres.   
Nous avons pu constater nous même le phénomène.  En effet,en chemin vers le galcier Pie XI nous constatames que celui-ci avait avancé de plusieurs Km dans le fjord Eyre par rapport aux indications que nous donnait notre carte, datant il est vrai de des années '70.  Le glacier est d'ailleurs en train de condamner un petit bras de mer qui se jette dans le fjord Eyre, le seno Exmouth. 
l'impressionnante muraille de glace de Pie XI, qui avance un peu plus chaque année
 
Nous avons appris que le Pie XI est d'ailleurs très "remuant" : en 1926, il avanca de plusieurs centaines de mètres en quelques mois, obstruant completement le seno Eyre (jusque là,il se jettait dans le fjord perpendiculairement).  Il fit fuir les colons qui s'étaient installés sur les rives du fjord l'année précédente.  Il se rétracta ensuite, entre 1930 et 1945, de plusieurs kilomètres.  Aujourd'hui, il s'est donc remis a avancer. Lors de notre ballade sur Pie XI, nous avons constaté que ce dernier s'était par ailleurs partiellement rétreci en laissant sur ses flancs une végétation complétement ravagée par son passage.  Nous n'avons pu déterminer si ce rétrécissement est saisonier ou s'il s'agit d'une tendance générale du glacier.  Ces mouvements sont dus généralement à des modifications touchant le bassin d'alimentation du glacier : plus ou moins de précipitations, suite à des modifications climatiques, locales ou globales, absoption des sols déficientes, croissance du bassin aux dépends d'autres glaciers environnants...  en approchant du glacier Pie XI, nous avons trouvé une végétation broyée par le glacier, qui est manifestement passé par là ...
 
Les blocs de glace qui se détachent du glacier se fracassent dans l'eau dans un bruit assourdissant en générant une impressionnante vague D'autre part, les glaciers passent par des phases de diminution et d'agrandissement.  Lorsque les précipitations neigeuses sont en déficit par rapport à la disparition d'une partie des neiges ou des glaces de la surface (due à l'érosion, à des températures clémentes, au vent...) on parle de zone d'ablation du glacier.  Lorsqu'au contraire,le volume de précipitations neigeuses est plus important que le volume de neige ou de glace qui disparaît, on parle de zone d'accumulation.  Lorsqu'on observe un glacier dans son ensemble pour évaluer s'il s'est agrandit ou s'il a diminué,on fait ce qu'on appelle un bilan de masse.  Nous avons par ailleurs été fort impressionné par les énormes blocs qui se détachent du front du glacier et s'écrasent dans l'eau dans un vacarme assourdissant.  Tous les icebergs que vous apercevez sur les images sont d'ailleurs des blocs détachés de glaciers.
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