Journée du 25 avril 98 : Passage du canal
 
Aujourd’hui, nous allons traverser le canal sur Voyou, le bateau de Claude et Margot, comme line-handlers.  Nous sommes ravis d’avoir l’occasion de faire cette expérience avec quelqu’un d’expérimenté avant de traverser avec notre bateau.  Claude a traversé huit fois le canal, Margot cinq fois.  Ils connaissent sans doute mieux la manœuvre que les pilotes… On ne pouvait pas trouver mieux.

La veille du grand jour, il faut s’assurer que tout est prêt, que l’on peut partir rapidement.  Pas question d’être en retard au rendez-vous avec le pilote.  Si les panaméens s’autorisent quelques libertés d’horaires, ils ne tolèrent pas une minute de retard de la part des bateaux. La veille, Voyou est donc à couple d’Ataram, ses ancres relevées, ses aussière de 35 mètres prêtes, ses matelots brieffés (et son pont astiqué, isn’t it Margot ?). 

Cinq heures du matin, on largue les amarres et on se rend au lieu de rendez-vous sous un véritables déluge.  Il tombe des seaux.  Tout le monde est en ciré sur le pont.  Le lever du jour est imperceptible, la luminosité augmente à peine.   On ne voit rien.  On a mouillé en attendant des nouvelles du pilote qui est en retard.  Mais le vent monte, trop pour un mouillage temporaire.  On tourne donc en rond.  Les autres bateaux reçoivent leur pilote, mais rien pour Voyou.  

Finalement, avec une heure de retard, le pilote débarque d’une vedette qui endommage deux chandeliers en passant.  Notre pauvre pilote n’a jamais vu des conditions météorologiques pareilles.  Il s’avoue « un peu désorienté ».  C’est à dire qu’il n’a même pas une idée précise de la direction à prendre.  C’est Claude qui lui suggère la route…  Le fantôme d’un cargo nous double ; c’est celui avec lequel on doit se glisser dans l’écluse.  Confirmation rassurante qu’on est à peu près sur le bon chemin.  On aperçoit bientôt les feux de la première écluse, diffus dans la pluie qui ne cesse de tomber.  Pendant que les voiliers se rassemblent, on devine l’énorme cargo qui entrent dans le bassin.  A couple d’un autre voilier, Voyou pénètre à son tour entre les hauts murs.  Les trois z’ataramiens sont très impressionnés, mais plus détendus que Claude, qui a le désavantage de savoir toutes les horreurs qui peuvent arriver à son bateau entre cet instant et la sortie de l’autre coté.  

Pour l’aspect technique, du passage, rendez-vous sur le lien canal.GGGG

Nous ressortons de cette première série d’écluse 85 pieds au dessus du niveau de la mer.  C’est toujours le déluge ; cela donne un air fantastique à la traversée du lac de Gatun, déjà extraordinaire.  On devine la jungle sur les cotés du chenal et les troncs d’arbres qui dépassent.

On avance très bien, le moteur de Voyou ronronnant joliment.  Mais on apprend vers midi que nous ne passerons pas en un jour, sans en connaître la raison.  Nous allons dormir sur le lac, et redescendre demain.  Cela nous contrarie un petit peu, dans la mesure où nous passons le canal avec Ataram lundi, après-demain, et que l’on aurait aimé avoir le temps de le préparer à l’aise.  

Mais la nuit sur le lac est très sympa.  On nage dans l’eau douce, pour la première fois depuis longtemps, puis on va à terre marcher dans la jungle et chercher des traces de crocodiles sur les berges, qu’ils envahissent –en principe- la nuit venue.  Pas de traces de sauriens pourtant, mais quelques souvenirs photos de pitres en maillots et combinaisons de plongée au milieu de la jungle.  Mémorable match de catch dans la boue pour Phil et Piet aussi.

On mange comme des rois, comme à l’habitude chez Claude et Margot.  Ils nous offrent un peu de cinéma à bord grâce à leur vidéo (ils ont à bord tout le confort des gens qui vivent sur leur bateau en permanence, sans que cela ne soit excessif : pas de lave-vaiselle, mais un excellent frigo (alimenté par des panneaux solaires, et dont nous sommes jaloux), une vidéo et une télé, mais pas de four à micro-onde, un aspirateur, mais pas de sèche-linge, plus de mixer, mais tous les outils dont on peut rêver)…