Aujourd’hui,
nous allons traverser le canal sur Voyou, le bateau de Claude et Margot,
comme line-handlers. Nous sommes ravis d’avoir l’occasion de faire
cette expérience avec quelqu’un d’expérimenté avant
de traverser avec notre bateau. Claude a traversé huit fois
le canal, Margot cinq fois. Ils connaissent sans doute mieux la manœuvre
que les pilotes… On ne pouvait pas trouver mieux.
La veille du grand
jour, il faut s’assurer que tout est prêt, que l’on peut partir rapidement.
Pas question d’être en retard au rendez-vous avec le pilote.
Si les panaméens s’autorisent quelques libertés d’horaires,
ils ne tolèrent pas une minute de retard de la part des bateaux.
La veille, Voyou est donc à couple d’Ataram, ses ancres relevées,
ses aussière de 35 mètres prêtes, ses matelots brieffés
(et son pont astiqué, isn’t it Margot ?).
Cinq heures du matin,
on largue les amarres et on se rend au lieu de rendez-vous sous un véritables
déluge. Il tombe des seaux. Tout le monde est en ciré
sur le pont. Le lever du jour est imperceptible, la luminosité
augmente à peine. On ne voit rien. On a mouillé
en attendant des nouvelles du pilote qui est en retard. Mais le vent
monte, trop pour un mouillage temporaire. On tourne donc en rond.
Les autres bateaux reçoivent leur pilote, mais rien pour Voyou.
Finalement, avec une
heure de retard, le pilote débarque d’une vedette qui endommage
deux chandeliers en passant. Notre pauvre pilote n’a jamais vu des
conditions météorologiques pareilles. Il s’avoue «
un peu désorienté ». C’est à dire qu’il
n’a même pas une idée précise de la direction à
prendre. C’est Claude qui lui suggère la route… Le fantôme
d’un cargo nous double ; c’est celui avec lequel on doit se glisser dans
l’écluse. Confirmation rassurante qu’on est à peu près
sur le bon chemin. On aperçoit bientôt les feux de la
première écluse, diffus dans la pluie qui ne cesse de tomber.
Pendant que les voiliers se rassemblent, on devine l’énorme cargo
qui entrent dans le bassin. A couple d’un autre voilier, Voyou pénètre
à son tour entre les hauts murs. Les trois z’ataramiens sont
très impressionnés, mais plus détendus que Claude,
qui a le désavantage de savoir toutes les horreurs qui peuvent arriver
à son bateau entre cet instant et la sortie de l’autre coté.
Pour l’aspect technique,
du passage, rendez-vous sur le lien canal.GGGG
Nous ressortons de
cette première série d’écluse 85 pieds au dessus du
niveau de la mer. C’est toujours le déluge ; cela donne un
air fantastique à la traversée du lac de Gatun, déjà
extraordinaire. On devine la jungle sur les cotés du chenal
et les troncs d’arbres qui dépassent.
On avance très
bien, le moteur de Voyou ronronnant joliment. Mais on apprend vers
midi que nous ne passerons pas en un jour, sans en connaître la raison.
Nous allons dormir sur le lac, et redescendre demain. Cela nous contrarie
un petit peu, dans la mesure où nous passons le canal avec Ataram
lundi, après-demain, et que l’on aurait aimé avoir le temps
de le préparer à l’aise.
Mais la nuit sur le
lac est très sympa. On nage dans l’eau douce, pour la première
fois depuis longtemps, puis on va à terre marcher dans la jungle
et chercher des traces de crocodiles sur les berges, qu’ils envahissent
–en principe- la nuit venue. Pas de traces de sauriens pourtant,
mais quelques souvenirs photos de pitres en maillots et combinaisons de
plongée au milieu de la jungle. Mémorable match de
catch dans la boue pour Phil et Piet aussi.
On mange comme des
rois, comme à l’habitude chez Claude et Margot. Ils nous offrent
un peu de cinéma à bord grâce à leur vidéo
(ils ont à bord tout le confort des gens qui vivent sur leur bateau
en permanence, sans que cela ne soit excessif : pas de lave-vaiselle, mais
un excellent frigo (alimenté par des panneaux solaires, et dont
nous sommes jaloux), une vidéo et une télé, mais pas
de four à micro-onde, un aspirateur, mais pas de sèche-linge,
plus de mixer, mais tous les outils dont on peut rêver)…