Le matin, le temps se lève…Pas
de trace du sud-ouest qui doit clore le passage d'un front froid dans l'hémisphère
sud. On est un peu troublé, nous qui croyions avoir commencé
à comprendre la météo, mais pas mécontents
de découvrir notre premier paysage brésilien sous le soleil.
Nous nous dirigeons vers Florianopolis au
ralenti, un peu inquiet de la remontée des fonds… car bien entendu,
les ataramiens n'ont pas de cartes de détails…ou plutôt si
: cette fois, ils ont une carte de super détail : ils pourraient
trouver une bouteille le long des 200mètres de mer bordant la ville,
mais cela n'inclut pas le long chenal entre l'île et le continent.
Les fonds passent à deux mètres…et Ataram à presque
deux mètres de tirant d'eau. Cela va durer cinq milles, un
peu stressant. Puis on gagne un mètre, et nous voilà
devant les buildings de Florianopolis, et devant les ponts, qui barrent
le chenal. Nous sommes arrivés par le chenal nord, bien que
venant du sud, pour deux raisons : d'une part, le chenal nord paraissait,
d'après les instructions nautiques, plus praticable sans carte,
d'autre part, deux des trois ponts sont a 17,5 mètres au dessus
de l'eau, nous ne sommes pas sûr de passer. Et comme on veut
continuer par le nord après, on préfère éviter
le détour….Dommage, la marina se trouvant juste au sud du pont…
On s'approche lentement : va t-on regretter notre détour par le
nord ? On envoi Phil en tête de mat qui hurle son verdict :
trop court ! Tant pis, on mouillera devant la ville au nord.
Après quelques atermoiements pour
choisir notre mouillage (en face du Mac Do ou du Pizza Hut ?), on part
en expédition "administration". Il s'agit de faire notre entrée
au Brésil dans les règles ! Les démarches seront
assez folkloriques, notre guide mentionnant des adresse anciennes…Après
avoir découvert une capitainerie qui n'en est plus une, on va demander
de l'aide au yacht club, qui, très prévenant dégotte
un officiel des services de santé qui doivent nous délivrer
la "libre pratique", autorisation de pénétrer sur le sol
brésilien, après inspection du bateau, chasse aux rats, aux
maladies et aux légumes louches… Le temps que l'on rentre
au bateau, il est déjà passé, reçu par Anne
qui gardait le bateau et qui n'a pu lui montrer aucun papier, puisqu'on
les avait avec nous, mais lui a montré notre belle pharmacie.
Cela a satisfait le charmant fonctionnaire, qui a donc autorisé
l'équipage a descendre a terre, où nous étions déjà.
Mais c'était la dernière démarche du jour : on est
vendredi après-midi, les bureaux ferment pour le week-end : nous
voilà scotché jusque lundi devant les buildings de Florianopolis.
Pendant ce temps, le sud-ouest manquant est revenu : les ataramiens sont
revenus trempés au bateau, les nuages ont couvert la ville, et le
vent souffle à 25 nœuds, soulevant un bon petit clapot, sur lequel
Ataram danse joyeusement. Ca c'est une jolie dépression !
L'accalmie correspondant au passage du centre a duré plus de douze
heures ! Nous n'allons pas tarder à apprendre qu'elle a soufflé
en mer jusqu'à 65 nœuds : trois voiliers ont dématé,
deux chalutiers de 50 pieds sont perdus corps et biens, laissant 12 disparus…
Et Voyou était en mer ! Ils ont fait en trois jours ce que nous
avons fait en cinq , parcourant 180 milles par jour sous tourmentin seul
!
Pour nous, après cette journée
de mauvais temps, notre attente se prolonge sous le beau temps. Premier
motif d'attente : Sophie, qui arrive normalement samedi par Rio. Mais pas
de Soph, elle est restée bloquée à Zurich (pourquoi
Zurich pour aller à Rio ?), elle arrive demain. Bah, de toute
façon; outre la ville, le reste de l'île est superbe, et pas
trop fréquenté en cette saison (quoique nous nous offrirons
notre premier embouteillage depuis quatorze mois en revenant des plages
de l'est de l'île, où l'on surfe, un dimanche soir).
Notre petit séjour forcé sera très agréable.
Le lundi, détenant les papiers de Sophie, qui est finalement arrivée
dimanche, par Sao Paulo, nous pouvons faire les démarches d'entrée,
et de départ pour le nord, le tout en une fois !
Ces démarches administratives, un
peu contraignantes et à priori pas évidentes à mener
pour un équipage dont la maîtrise du portugais est encore
vacillante, sont l'occasion de faire connaissance avec un peuple chaleureux,
gentil, curieu des visiteurs, et qui fait des efforts pour comprendre et
être compris tels que nous ne l'avons encore jamais expérimenté.
Les démarches sont longues, mais joyeuses, et ont revient réjoui
de notre après-midi passé dans les bureaux de l'administration,
entre police fédérale, douanes et capitainerie. La
police fédérale, découverte après plusieurs
essais (non, ce service n'est pas ouvert, contrairement aux informations
que vous détenez, il ouvre à deux heures, revenez donc vers
deux heures et demi pour être sûr…en attendant, je vais vous
donner l'adresse d'un petit resto dans le coin, mangez bien ,buvez une
bière, et revenez…comment faire pour ne pas obtempérer ?),
la police fédérale, donc, s'ennuyant ferme manifestement,
décide qu'elle doit se transporter sur Ataram pour l'inspecter.
Qu'a cela ne tienne, on s'entasse à cinq dans une voiture, manifestement
voiture de particulier saisie par la police, et direction le boulevard,
face à Ataram. Sophie garde Ataram, avec le dinghy à
bord. On la hèle, chouette, elle entend, mais le moteur du
dinghy refuse de démarrer… Les trois flics ne s'impatientent pas
du tout, ils ont plutôt l'air de trouver ça chouette d'attendre
sur le ponton au soleil. Au bout d'un moment, Eric part à
la nage, ce qui paraît les amuser beaucoup. Cela suffit à
déclencher le démarrage du moteur. Eric récupéré,
la visite du bateau peut commencer pour la police fédérale,
qui ne fouillera rien, ne cherchera rien, manifestement très contente
du divertissement…
A six heures, on est en ordre. Au retour
au bateau, qui c'est qu'est à bord : Claude et Margot. Ben
oui, normal, comme on part demain matin, ils arrivent ! Ca devient
ridicule! Mais vu les impératifs avions de nos passagères
(qui ne sont là qu'en vacances !), on doit y aller…Bouffe commune,
promesses de se rattraper, de s'attendre, et au dodo. A l'aube, les
z'ataramiens s'en vont faire quelques milles vers le nord.
On s'ancre en milieu d'après-midi
dans une grande baie au sud de Porto Bello (notre objectif initial), au
milieu des filets de pêches. Pour se faire pardonner notre
irruption sur leurs eaux, on va aider les familles de pêcheurs à
remonter les filets qu'ils posent en barque, en accomplissant un grand
demi cercle depuis la plage, puis le remontent en tirant des deux côtés
à la fois vers la plage. C'est lourd ! Et les prises
ne sont opulentes. Mais il est impossible de refuser l'énorme
part qu'ils veulent nous offrir pour nous remercier. On repart donc
avec plein de poisson à frire. Miam.
Dodo et redépart, on reprend avec
plaisirs le rythme de ces navigations farnientes. Dommage dommage
qu'il n'y ait pas plus de vent…
Ihla Do Mel
Ilha Bela
Ilha Grande
Angra dos Reis
s !