Journées du 16 avril au 3 mai 1999 : Ballade brésilienne
 
Le matin, le temps se lève…Pas de trace du sud-ouest qui doit clore le passage d'un front froid dans l'hémisphère sud.  On est un peu troublé, nous qui croyions avoir commencé à comprendre la météo, mais pas mécontents de découvrir notre premier paysage brésilien sous le soleil.  

Nous nous dirigeons vers Florianopolis au ralenti, un peu inquiet de la remontée des fonds… car bien entendu, les ataramiens n'ont pas de cartes de détails…ou plutôt si : cette fois, ils ont une carte de super détail : ils pourraient trouver une bouteille le long des 200mètres de mer bordant la ville, mais cela n'inclut pas le long chenal entre l'île et le continent.  Les fonds passent à deux mètres…et Ataram à presque deux mètres de tirant d'eau.  Cela va durer cinq milles, un peu stressant.  Puis on gagne un mètre, et nous voilà devant les buildings de Florianopolis, et devant les ponts, qui barrent le chenal.  Nous sommes arrivés par le chenal nord, bien que venant du sud, pour deux raisons : d'une part, le chenal nord paraissait, d'après les instructions nautiques, plus praticable sans carte, d'autre part, deux des trois ponts sont a 17,5 mètres au dessus de l'eau, nous ne sommes pas sûr de passer.  Et comme on veut continuer par le nord après, on préfère éviter le détour….Dommage, la marina se trouvant juste au sud du pont… On s'approche lentement : va t-on regretter notre détour par le nord ?  On envoi Phil en tête de mat qui hurle son verdict : trop court ! Tant pis, on mouillera devant la ville au nord.  

Après quelques atermoiements pour choisir notre mouillage (en face du Mac Do ou du Pizza Hut ?), on part en expédition "administration".  Il s'agit de faire notre entrée au Brésil dans les règles !  Les démarches seront assez folkloriques, notre guide mentionnant des adresse anciennes…Après avoir découvert une capitainerie qui n'en est plus une, on va demander de l'aide au yacht club, qui, très prévenant dégotte un officiel des services de santé qui doivent nous délivrer la "libre pratique", autorisation de pénétrer sur le sol brésilien, après inspection du bateau, chasse aux rats, aux maladies et aux légumes louches…  Le temps que l'on rentre au bateau, il est déjà passé, reçu par Anne qui gardait le bateau et qui n'a pu lui montrer aucun papier, puisqu'on les avait  avec nous, mais lui a montré notre belle pharmacie.  Cela a satisfait le charmant fonctionnaire,  qui a donc autorisé l'équipage a descendre a terre, où nous étions déjà. Mais c'était la dernière démarche du jour : on est vendredi après-midi, les bureaux ferment pour le week-end : nous voilà scotché jusque lundi devant les buildings de Florianopolis.  Pendant ce temps, le sud-ouest manquant est revenu : les ataramiens sont revenus trempés au bateau, les nuages ont couvert la ville, et le vent souffle à 25 nœuds, soulevant un bon petit clapot, sur lequel Ataram danse joyeusement.  Ca c'est une jolie dépression ! L'accalmie correspondant au passage du centre a duré plus de douze heures !  Nous n'allons pas tarder à apprendre qu'elle a soufflé en mer jusqu'à 65 nœuds : trois voiliers ont dématé, deux chalutiers de 50 pieds sont perdus corps et biens, laissant 12 disparus… Et Voyou était en mer ! Ils ont fait en trois jours ce que nous avons fait en cinq , parcourant 180 milles par jour sous tourmentin seul !

Pour nous, après cette journée de mauvais temps, notre attente se prolonge sous le beau temps.  Premier motif d'attente : Sophie, qui arrive normalement samedi par Rio. Mais pas de Soph, elle est restée bloquée à Zurich (pourquoi Zurich pour aller à Rio ?), elle arrive demain.  Bah, de toute façon; outre la ville, le reste de l'île est superbe, et pas trop fréquenté en cette saison (quoique nous nous offrirons notre premier embouteillage depuis quatorze mois en revenant des plages de l'est de l'île, où l'on surfe, un dimanche soir).  Notre petit séjour forcé sera très agréable.  Le lundi, détenant les papiers de Sophie, qui est finalement arrivée dimanche, par Sao Paulo, nous pouvons faire les démarches d'entrée, et de départ pour le nord, le tout en une fois ! 

Ces démarches administratives, un peu contraignantes et à priori pas évidentes à mener pour un équipage dont la maîtrise du portugais est encore vacillante, sont l'occasion de faire connaissance avec un peuple chaleureux, gentil, curieu des visiteurs, et qui fait des efforts pour comprendre et être compris tels que nous ne l'avons encore jamais expérimenté.  Les démarches sont longues, mais joyeuses, et ont revient réjoui de notre après-midi passé dans les bureaux de l'administration, entre police fédérale, douanes et capitainerie.  La police fédérale, découverte après plusieurs essais (non, ce service n'est pas ouvert, contrairement aux informations que vous détenez, il ouvre à deux heures, revenez donc vers deux heures et demi pour être sûr…en attendant, je vais vous donner l'adresse d'un petit resto dans le coin, mangez bien ,buvez une bière, et revenez…comment faire pour ne pas obtempérer ?), la police fédérale, donc, s'ennuyant ferme manifestement, décide qu'elle doit se transporter sur Ataram pour l'inspecter.  Qu'a cela ne tienne, on s'entasse à cinq dans une voiture, manifestement voiture de particulier saisie par la police, et direction le boulevard, face à Ataram.  Sophie garde Ataram, avec le dinghy à bord.  On la hèle, chouette, elle entend, mais le moteur du dinghy refuse de démarrer… Les trois flics ne s'impatientent pas du tout, ils ont plutôt l'air de trouver ça chouette d'attendre sur le ponton au soleil.  Au bout d'un moment, Eric part à la nage, ce qui paraît les amuser beaucoup.  Cela suffit à déclencher le démarrage du moteur.  Eric récupéré, la visite du bateau peut commencer pour la police fédérale, qui ne fouillera rien, ne cherchera rien, manifestement très contente du divertissement… 

A six heures, on est en ordre.  Au retour au bateau, qui c'est qu'est à bord : Claude et Margot.  Ben oui, normal, comme on part demain matin,  ils arrivent ! Ca devient ridicule!  Mais vu les impératifs avions de nos passagères (qui ne sont là qu'en vacances !), on doit y aller…Bouffe commune, promesses de se rattraper, de s'attendre, et au dodo.  A l'aube, les z'ataramiens s'en vont faire quelques milles vers le nord.

On s'ancre en milieu d'après-midi dans une grande baie au sud de Porto Bello (notre objectif initial), au milieu des filets de pêches.  Pour se faire pardonner notre irruption sur leurs eaux, on va aider les familles de pêcheurs à remonter les filets qu'ils posent en barque, en accomplissant un grand demi cercle depuis la plage, puis le remontent en tirant des deux côtés à la fois vers la plage.  C'est lourd !  Et les prises ne sont opulentes.  Mais il est impossible de refuser l'énorme part qu'ils veulent nous offrir pour nous remercier.  On repart donc avec plein de poisson à frire.  Miam.

Dodo et redépart, on reprend avec plaisirs le rythme de ces navigations farnientes.  Dommage dommage qu'il n'y ait pas plus de vent…

Ihla Do Mel

Ilha Bela

Ilha Grande

Angra dos Reis
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