Minuit. Nous sommes en navigation de nuit, nuit assez noire d'ailleurs, car des nuages masquent la lune. La pénombre a rendu le départ assez impressionnant car nous sortions d'un dédale d'îles et de rochers qu'il nous fallait deviner dans l'obscurité. 

Nous nous sommes maintenant dégagé vers le large. Nous allons longer Puerto Rico toute la nuit, jusqu'à San Juan, grande ville située sur la côte Nord. Le cap idéal nous place plein vent arrière. Les voiles battent à chaque vague qui fait rouler le bateau. Sans doute un spi améliorait-il l'allure, mais nous ne voulons pas le gréer de nuit. Par souci du confort des dormeurs, et du barreur, nous choississons de faire des bords de largue. 

A une heure, après un bord vers le large un peu fastidieux, nous pouvons empanner , et faire un cap qui paraît direct vers San Juan. 

Deux heures. Si le cap s'améliore, le vent, lui, tombe. Nous refusons la facilité du moteur, considérant qu'il est temps que nous nous habituions à la pétole. 

Quatre heures plus tard, le soleil paraît se lever derrière un lourd rideau de nuage. San Juan est en vue mais la dérive vers la côte ne nous permettra pas de l'atteindre sur ce bord.  

Nous virons de bord, et nous gréons notre spi asymétrique aux couleurs de la Région de Bruxelles-Capitale (ce cadeau du Gouvernement de la Région est blanc, avec l'iris jaune entouré de bleu, et les mots Bruxelles-Brussel en dessous). La voile est très belle, mais le vent dégringole encore et nous sommes bientôt contraint de l'affaler au profit du Perkins. 

Sous moteur, tout le monde sur le pont. Patricia qui somnole sous la bôme constate une avarie bien gênante : la fixation du hale-bas sur la bôme est cassée. C'est la bôme elle-même qui est vraiment déchirée, les rivets ne sont plus fixés. La pièce coulisse dans la gorge en l'entaillant. Il faut soulager le hale-bas. Nous gréons une retenue de bôme renforcée qui aura les deux fonctions. 

Après avoir vu défiler pendant des heures les buildings de San Juan, nous longeons maitenant la vieille ville de San Juan ; c'est vraiment très beau. C'est la ville latinos dans toute sa splendeur, pleine de vieux bâtiments de couleurs vives et de forts témoignant de la présence espagnole depuis le XVIè siècle. A l'entrée du chenal du port, El Morro, première fortification espagnole dans les Caraïbes. La masse est très impressionnante. 

Nous entrons pour la première fois dans un "vrai" port; la marina est tout au fond du port de commerce. Nous voyons défiler des cargos, et des kilomètres de docks.  

A 10 h 30, nous sommes au ponton dans la San Juan bay marina. A notre grand bonheur, nous sommes à côté des douches ! Tout le monde y passe. Nous partons en bus visiter la vieille ville. Nous marchons tout l'après-midi. Très agréable ambiance dans une ville imprégnée d'histoire.  

Au hasard de nos périgrinations, nous croisons un resto qui a l'air du lieu parfait pour fêter l'anniversaire d'Isabelle (c'est demain, mais on sera en nav, donc...). 

Le lieu était parfait ! La soirée se poursuit dans un petit café plein d'histoires et de rencontres. Pour trois d'entre nous (cherchez lesquels ...), la découverte se fera plus en détails. Un retour à pieds au milieu de la nuit nous permets de visiter des quartiers moins "jolis" que la vieille ville. Comme les habitués, nous nous arrêtons à une boulangerie pour obtenir, sortant du four, les pains du petit déjeuner.