Journées du 26 novembre au 17 décembre : Valdivia ( Chili)
 
Tout est gris.  De l’eau qui tombe du ciel plombé à celle qui serpente dans le Rio, en passant par les collines couvertes de sapins. La seule activité raisonnable semble être  le coconing.  Mais on a une liste de «à faire » et « à acheter » tellement impressionnante que l’on se rue vers Valdivia.  La marina se trouve à l’écart, et on emprunte un collectivo qui assure la liaison Niebla-Valdivia en empruntant la route qui suit les berges du Rio Valdivia.  On devine combien cela pourrait être beau avec un peu de lumière…  Valdivia est une jolie ville, très provinciale, mais très agréable.   Mais aujourd’hui, point de visites touristiques, les ataramiens se lancent dans leur sport favori : course(s) de shipchandlers en ferreteria (les bricocenters du coin), en passant par les magasins de voitures (z’avez pas un ventilateurs 12 volts, un néon 12 volts, un alternateur…), les drogueries (de l'acétone, de la super glu, de la colle néoprène, du WD 40, du truc qui fait ça et ça en mêm temps, mais pas ça) etc…Tout ça a force de sketchs désopillants pour nos interlocuteurs, et de consultations effrennées de dictionnaire   Nos résultats sont à l’image du temps : décevants.  Trempés et puant le chien mouillé, on déprime devant les pourtant excellents desserts de Dino.  Au soir du 26, le moral n’est pas au beau fixe, les choses ne s’annoncent pas simples en ce qui concerne les aménagements que nécessite Ataram.   

Qu’a cela ne tienne, on se rabat sur un autre problème : le site.  Il semble que de nombreux surfeurs  aient rencontrés de problèmes d’accès.  Il faut donc régler ça, et mettre le site à jour.  Ce vendredi matin, il fait superbe, grand beau temps, ciel bleu parsemé de petits cumulus blanc.  Le coin a tout de suite une tête plus sympa !  On est ravi de se trouver un peu  à l’écart de la ville, pour profiter du paysage.  Remonté à bloc, on se rue en ville.  L’atmosphère est plus chaude, plus latine.  On trouve un cybercafé dont les patrons sont sympas, et très compétents (les premiers rencontrés à connaître plus que le webmaster).  De plus, Etienne, notre ange gardien informatique du réseau Idée a résolu la plupart des problèmes d’accès en upgradant le site, version Gambier.  Merci Etienne !  Phil se met donc au boulot. Piet et Eric poursuivent leur errance citadine pour trouver les deux milles trois cent choses qui nous manquent.  Le soir, en retournant au cyber, on rencontre un américain qui fait du bateau dans le coin depuis plusieurs années.  Il nous assure que nous sommes au meilleur endroit de tout le Chili pour faire des travaux sur un bateau.  Et pour effacer nos doutes, il nous donne les coordonnées d’un type qui devrait pouvoir nous aider, et qui parle anglais.  Youpie. 

On ne va pas vous imposer le très long récit des espoirs déçus et petits progrès qui ponctuèrent les travaux sur Ataram.  Une brève synthèse vous assommera moins.  Après 3 semaines à Valdivia, le gréement d’Ataram est donc pourvu de deux nouveaux câbles, le bas hauban symétrique de celui remplacé aux Gambier, et la bastaque.  De nombreuses améliorations ont été apportées à l’accastillage : la fixation des barres de flèches a été consolidée, les coinceurs de bosses de ris refaits, le câble du hale-bas changé, toutes les manilles vérifiées et changées, tous les winchs entretenus en profondeur, le dispositif de mouillage à l’avant amélioré, et l’ancre Danforth  remplacé par la CQR… La grand-voile est réparée.  Le chauffage principal, dont nous avions constaté qu’il avait été monté n’importe comment est plus ou moins en ordre de marche, et nous nous sommes fait construire un chauffage auxiliaire qui fonctionne sur le circuit de refroidissement du moteur.  On a acheté du bout, mais nous avons renoncé à nous faire construire des rouleaux pour enrouler nos bouts de cent mètres.  On se fera un peu plus ch…, mais on économise du temps et de l’argent.  Grand renoncement aussi : on se passera de radar.  Après beaucoup de péripéties, on a finalement eu l’avis de deux techniciens différents : c’est bien le magnétron qui est foutu (ce qu’on pensait depuis plusieurs mois…).  C’est la pièce la plus couteuse… Environ 700 $ ! Quand on sait que l’on trouve aujourd’hui de petits radars à 1000 $, la réparation ne paraît pas rentable !  On n’envisage pas non plus d’en racheter un … Un peu trop fauchés les ataramiens…  On n’aura donc jamais profité de cet équipement.  Seuls les locataires, qui ont fait la transat, l’on utilisé !    Côté renoncement, on est en voie de renoncer aussi à la fermeture de notre capote pour se protéger vent arrière.  Cela sent aussi le renoncement à l’Antarctique…  

Côté activités de l’équipage, on a pas passé tout notre temps sur le bateau.  Robert est réapparu début décembre, alors que Philippe nous quittait pour aller rejoindre sa belle à Santiago, en squattant l’appart d’Elodie, petite camarade de Phil et d’Eric, belge de nationalité anglaise, et future meilleure architecte du monde, établie au Chili depuis trois ans. Pierre et Eric on été faire un petit tour à Pucon, le temps d’escalader le volcan Villarica (encore de l’escalade ! Mais qu’est ce qu’ils savent faire d’autre ?), et de se tuer en VTT.  En redescendant, ils pêchent Elodie à Temuco, qui descend voir le bateau ( et un de ses occupants ?) pour quelques jours. Elle a reçu de Patricia plein de missives bruxelloises pour l’équipage, qui dévore.  Anne nous arrive de Belgique le 6 décembre avec plein de cadeaux aussi.  Très agréable !  Vu l’état d’avancement des travaux, Robert et Anne vont aussi se promener autour de Pucon pour quelques jours.  Bientôt, Patricia et Phil redescendent de Santiago.  Derniers cadeaux.  Il n’y a plus grand chose que nous puissions faire sur Ataram, c’est les pros qui soudent le chauffage, et règlent le gréement.  Pierre et Eric vont donc faire un petit saut à Santiago, le temps d’un week-end.  Lundi, tout le monde se retrouve sur Ataram, pour constater que l’on est toujours pas prêt à partir.   

Vous avez suivi nos allées et venues ? Bon, bilan : jeudi 17 ou vendredi 18 décembre, Ataram quittera Valdivia avec quatre personnes à bord : Anne, Robert, Pierre et Eric.  Philippe et Patricia nous abandonnent, pour visiter le sud du Chili par terre.  On retrouvera Phil, sans doute, à Punta Arenas  à la mi-janvier, où nous débarqueront Anne, qui doit prendre son avion pour l’Europe, et sans doute Robert, qui continuera ses pérégrinations sud américaines un bon moment.   

Voilà, trois semaines pas fascinantes, mais cette escale technique ci était nécessaire, et prévue.  Le reste devrait être plus drôle !  De retard en retard, on sera sans doute à Chiloé pour Noël, et au milieu de nulle part pour le nouvel-an.  On ira donc sans doute pas avec ce bateau ci en Antarctique…Faudra donc repartir.  Mais on ne devrait pas avoir de trop gros problèmes pour la descente à venir.  Le Horn est très démystifié ici.  Quand on parle préparation les gens demandent « how much south do you plan to go ?  Only Cape Horn or further ? » Only Cape Horn… 
  
A bientôt donc…vers le sud .