Tout est gris.
De l’eau qui tombe du ciel plombé à celle qui serpente dans
le Rio, en passant par les collines couvertes de sapins. La seule activité
raisonnable semble être le coconing. Mais on a une liste
de «à faire » et « à acheter » tellement
impressionnante que l’on se rue vers Valdivia. La marina se trouve
à l’écart, et on emprunte un collectivo qui assure la liaison
Niebla-Valdivia en empruntant la route qui suit les berges du Rio Valdivia.
On devine combien cela pourrait être beau avec un peu de lumière…
Valdivia est une jolie ville, très provinciale, mais très
agréable. Mais aujourd’hui, point de visites touristiques,
les ataramiens se lancent dans leur sport favori : course(s) de shipchandlers
en ferreteria (les bricocenters du coin), en passant par les magasins de
voitures (z’avez pas un ventilateurs 12 volts, un néon 12 volts,
un alternateur…), les drogueries (de l'acétone, de la super glu,
de la colle néoprène, du WD 40, du truc qui fait ça
et ça en mêm temps, mais pas ça) etc…Tout ça
a force de sketchs désopillants pour nos interlocuteurs, et de consultations
effrennées de dictionnaire Nos résultats sont
à l’image du temps : décevants. Trempés et puant
le chien mouillé, on déprime devant les pourtant excellents
desserts de Dino. Au soir du 26, le moral n’est pas au beau fixe,
les choses ne s’annoncent pas simples en ce qui concerne les aménagements
que nécessite Ataram.
Qu’a cela ne tienne,
on se rabat sur un autre problème : le site. Il semble que
de nombreux surfeurs aient rencontrés de problèmes
d’accès. Il faut donc régler ça, et mettre le
site à jour. Ce vendredi matin, il fait superbe, grand beau
temps, ciel bleu parsemé de petits cumulus blanc. Le coin
a tout de suite une tête plus sympa ! On est ravi de se trouver
un peu à l’écart de la ville, pour profiter du paysage.
Remonté à bloc, on se rue en ville. L’atmosphère
est plus chaude, plus latine. On trouve un cybercafé dont
les patrons sont sympas, et très compétents (les premiers
rencontrés à connaître plus que le webmaster).
De plus, Etienne, notre ange gardien informatique du réseau Idée
a résolu la plupart des problèmes d’accès en upgradant
le site, version Gambier. Merci Etienne ! Phil se met donc
au boulot. Piet et Eric poursuivent leur errance citadine pour trouver
les deux milles trois cent choses qui nous manquent. Le soir, en
retournant au cyber, on rencontre un américain qui fait du bateau
dans le coin depuis plusieurs années. Il nous assure que nous
sommes au meilleur endroit de tout le Chili pour faire des travaux sur
un bateau. Et pour effacer nos doutes, il nous donne les coordonnées
d’un type qui devrait pouvoir nous aider, et qui parle anglais. Youpie.
On ne va pas vous imposer
le très long récit des espoirs déçus et petits
progrès qui ponctuèrent les travaux sur Ataram. Une
brève synthèse vous assommera moins. Après 3
semaines à Valdivia, le gréement d’Ataram est donc pourvu
de deux nouveaux câbles, le bas hauban symétrique de celui
remplacé aux Gambier, et la bastaque. De nombreuses améliorations
ont été apportées à l’accastillage : la fixation
des barres de flèches a été consolidée, les
coinceurs de bosses de ris refaits, le câble du hale-bas changé,
toutes les manilles vérifiées et changées, tous les
winchs entretenus en profondeur, le dispositif de mouillage à l’avant
amélioré, et l’ancre Danforth remplacé par la
CQR… La grand-voile est réparée. Le chauffage principal,
dont nous avions constaté qu’il avait été monté
n’importe comment est plus ou moins en ordre de marche, et nous nous sommes
fait construire un chauffage auxiliaire qui fonctionne sur le circuit de
refroidissement du moteur. On a acheté du bout, mais nous
avons renoncé à nous faire construire des rouleaux pour enrouler
nos bouts de cent mètres. On se fera un peu plus ch…, mais
on économise du temps et de l’argent. Grand renoncement aussi
: on se passera de radar. Après beaucoup de péripéties,
on a finalement eu l’avis de deux techniciens différents : c’est
bien le magnétron qui est foutu (ce qu’on pensait depuis plusieurs
mois…). C’est la pièce la plus couteuse… Environ 700 $ ! Quand
on sait que l’on trouve aujourd’hui de petits radars à 1000 $, la
réparation ne paraît pas rentable ! On n’envisage pas
non plus d’en racheter un … Un peu trop fauchés les ataramiens…
On n’aura donc jamais profité de cet équipement. Seuls
les locataires, qui ont fait la transat, l’on utilisé !
Côté renoncement, on est en voie de renoncer aussi à
la fermeture de notre capote pour se protéger vent arrière.
Cela sent aussi le renoncement à l’Antarctique…
Côté activités
de l’équipage, on a pas passé tout notre temps sur le bateau.
Robert est réapparu début décembre, alors que Philippe
nous quittait pour aller rejoindre sa belle à Santiago, en squattant
l’appart d’Elodie, petite camarade de Phil et d’Eric, belge de nationalité
anglaise, et future meilleure architecte du monde, établie au Chili
depuis trois ans. Pierre et Eric on été faire un petit tour
à Pucon, le temps d’escalader le volcan Villarica (encore de l’escalade
! Mais qu’est ce qu’ils savent faire d’autre ?), et de se tuer en VTT.
En redescendant, ils pêchent Elodie à Temuco, qui descend
voir le bateau ( et un de ses occupants ?) pour quelques jours. Elle a
reçu de Patricia plein de missives bruxelloises pour l’équipage,
qui dévore. Anne nous arrive de Belgique le 6 décembre
avec plein de cadeaux aussi. Très agréable !
Vu l’état d’avancement des travaux, Robert et Anne vont aussi se
promener autour de Pucon pour quelques jours. Bientôt, Patricia
et Phil redescendent de Santiago. Derniers cadeaux. Il n’y
a plus grand chose que nous puissions faire sur Ataram, c’est les pros
qui soudent le chauffage, et règlent le gréement. Pierre
et Eric vont donc faire un petit saut à Santiago, le temps d’un
week-end. Lundi, tout le monde se retrouve sur Ataram, pour constater
que l’on est toujours pas prêt à partir.
Vous avez suivi nos
allées et venues ? Bon, bilan : jeudi 17 ou vendredi 18 décembre,
Ataram quittera Valdivia avec quatre personnes à bord : Anne, Robert,
Pierre et Eric. Philippe et Patricia nous abandonnent, pour visiter
le sud du Chili par terre. On retrouvera Phil, sans doute, à
Punta Arenas à la mi-janvier, où nous débarqueront
Anne, qui doit prendre son avion pour l’Europe, et sans doute Robert, qui
continuera ses pérégrinations sud américaines un bon
moment.
Voilà, trois
semaines pas fascinantes, mais cette escale technique ci était nécessaire,
et prévue. Le reste devrait être plus drôle !
De retard en retard, on sera sans doute à Chiloé pour Noël,
et au milieu de nulle part pour le nouvel-an. On ira donc sans doute
pas avec ce bateau ci en Antarctique…Faudra donc repartir. Mais on
ne devrait pas avoir de trop gros problèmes pour la descente à
venir. Le Horn est très démystifié ici.
Quand on parle préparation les gens demandent « how much south
do you plan to go ? Only Cape Horn or further ? » Only Cape
Horn…
A bientôt donc…vers
le sud .