L'île de Pitcairn
 
Pitcairn et une toute petite île située à 500 Km à l’est de l’archipel des Gambier et à 2100 Km de l’île de Pâques.  Il s’agit en réalité plus d’un gros caillou inhospitalier que d’une véritable île, avec ses 4,5 Km2, bordé de falaises sur lesquelles vient se fracasser l’océan Pacifique. 
L’île fut découverte en 1767 par Carteret, capitaine du vaisseau anglais « Swallow » et fut dénommée Pitcairn du nom de l’officier qui, à bord, l’aperçu le premier.  Mais Carteret ne put aborder les côtes inhospitalières. 
Etant donné sa taille et son caractère inhospitalier, elle semblait vouée à rester inhabitée jusqu’à la fin des temps.  Toutefois, en 1790, elle fut accostée par les célèbres révoltés de la « Bounty » et, les 35 habitants vivant actuellement dans un des lieux les plus isolés du monde en sont les descendants. 

Les mutinés de la Bounty 

Après les premiers temps  

Pitcairn aujourd’hui : 
          L'île  
          Les gens 
 
 



Les mutinés de la Bounty  :
 
En 1788, la Bounty fit le voyage d’Angleterre vers le Pacifique pour en ramener des arbres à pin destinés à fournir à très bon prix de la nourriture aux esclaves indiens. 
Le vaisseau atteignit Tahiti à la mauvaise saison et fut forcé de naviguer dans les îles du Pacifique durant 5 bons mois afin de collecter suffisamment de plantes. 

En avril 1789, une partie de l’équipage, avec à sa tête le jeune Christian Fletcher, se mutina, et le capitaine Bligh, qui dirigeait le navire, fut débarqué de force sur une petite barque avec les 18 hommes qui avaient décidé de lui rester fidèles. 
Fletcher était-il à ce point amoureux des îles qu’il ne concevait plus de retourner en Angleterre ? Le Lieutenant Bligh était-il devenu à ce point autoritaire et injuste que ses hommes prirent la lourde décision de s’en débarasser, ? 
Les témoignages à ce sujet divergent.  Toujours est-il que les mutins qui se trouvaient alors dans les îles Tonga firent route vers Tahiti puis vers Tubai, dans les îles australes, pour tenter d’y établir une colonie.  Cette première tentative se solda par un échec et la Bounty reprit donc la mer avec à son bord Fletcher et 8 mutins anglais, accompagnés de 18 hommes et femmes polynésiennes pour tenter enfin de trouver un lieu où ils ne seraient plus pourchassés. 

C’est en mer que Fletcher se souvint de la découverte par Carteret, quelques années plus tôt, d’une petite île éloignée de toute terre. Le 15 janvier 1790, après deux mois de recherches infructueuses qui mirent les nerfs des mutinés à rude épreuve, la Bounty arriva en vue de Pitcairn. 

Après une visite des lieux, les mutinés convinrent qu'aucune île ne pouvait leur offrir un meilleur abri.  Lîle semblaient avoir été habitée par des Polynésiens, mais elles avait été abandonnée.  Les plantes poussaient facilement, le climat était agréable, et les animaux emmenés sur la Bounty s'y reproduiraient facilement.  Et ils ne devaient pas craindre la visite de bateaux avant longtemps sur ce bout de terre encore mal située sur les cartes.  Ils commencèrent donc à s'installer.  Moins de deux semaines plus tard, alors qu’elle avait été complètement vidée, la Bounty fut coulée afin d’effacer toute trace de la présence des révoltés. 
Les débuts de la petite colonie s’annoncèrent prometteurs.  Mais assez vite, des tensions entre polynésiens et anglais se firent sentir et les choses s’envenimèrent sérieusement lorsque les femmes vinrent à manquer, suite au décès de l’une d’entre-elles.  Les tromperies et jalousies donnèrent finalement lieu à un véritable massacre au cours duquel 4 mutins et tous les polynésiens furent tués. En 1800, il ne restait plus sur Pitcairn que John Adams, 9 des Polynésiennes et 19 enfants. 
En 1808, le navire américain « Topaz » accosta sur l'île.  Il fut accueilli à bras ouverts par une curieuse population d’enfants parlant un dialecte vaguement compréhensible qui guidèrent son équipage à un vieil homme, John Adams qui, après 18 ans d’isolement put enfin dévoiler le secret des révoltés de la Bounty. 
Le vieux Adams apprit à cette occasion que le Capitaine Bligh avait survécu en atteignant les côtes du Timor après 41 jours de calvaire. 

L‘épopée de la Bounty a fait l’objet d’une trilogie fascinante.  Rendez-vous donc dans notre bibliothèque pour tous ceux qui veulent en savoir un peu plus sur les aventures de Fletcher, Adams et les autres … 

Après les premiers temps :
 
Après que l'île ait été abordée par les navires de sa majesté britannique en 1814, les autorités anglaises décidèrent de n’intenter aucune action à l’encontre du vieil homme qui resta donc sur l’île jusqu’à son décès en 1829.  Commenca alors une ère de collaboration entre la british navy et Pitcairn.  Les visites de navires se firent de plus en plus nombreuses. 

En 1831 les habitants de l’île furent déplacés vers Tahiti, à la requête, posthume, de Adams, qui craignait que les ressources de l'île, notamment en eau, soient désormais insuffisantes pour subvenir aux besoins de la population.   Mais les Pitcairners ne se sentaient pas chez eux, et de plus, ils furent décimés par des maladies inconnues chez eux.  Ils décidèrent alors de réintégrer leur île.  La communauté connut des hauts et des bas, l'alcoolisme refaisant des ravages pendant les années suivant le retour de Tahiti.  Un arrivant extérieur régna sur l'île pendant six ans comme un dictacteur, imposant une morale puritaine dont le respect était imposé à coup de sévères punitions. 

Après cet épisode, les Pitcairners sentirent le besoin de se doter de textes de loi.  Ils rédigèrent une brève constitution avec le concours du capitaine d'un bateau anglais de passage.  Elle précisait notamment que l'île était dirigée par un "magistrate" élu par tout natif de l'île, homme ou femme, âgé de 18 ans accompli, ou toute personne ayant résidé cinq au moins sur l'île.  C'était la première dépendance britannique a accorder le droit de vote aux femmes ! 

La population augmenta durant les années 1840, et on se remit à craindre que la petite terre ne puissent nourrir tous ses enfants.  En 1856, les 194 habitants furent emmenés par les autorités britanniques sur l’île de Norfolk située près de la Nouvelle Zélande. Mais les Pitcairners étaient nostalgiques de "leur" île.  En 1858, deux familles retournèrent sur Pitcairn, suivies en 1864 par 4 autres. 

Les bateaux venant s'approvisionner en nourriture fraîche, en échange des biens de consommation, s'étaient fait moins nombreux avec la fin de l'exploration du Pacifique, puis la baisse de la chasse à la baleine.    Mais quelques bateaux de passagers faisaient maintenant halte à Pitcairn.  D'échangeurs de légumes, les descendants des mutinés se firent vendeurs de souvenirs. 
En 1882, suite à une histoire d'amour entre un visiteur et une jeune fille de l'île déjà promise à un habitant, les Pitcairners votèrent une loi interdisant l'établissement d'étranger sur l'île.  Elle fut bientôt amendée, soumettant l'établissement de "ceux dont la présence est considérée comme bénéfique pour l'île" à l'accord du conseil. 
En 1887, nouvelle révolution dans le microcosme des mutinés : de sujets de l'Eglise d'Angleterre, ils deviennent compagnons de l'Eglise Adventiste du Septième Jour, église nouvelle, pratiquant un efficace prosélytisme. L'ouverture du canal de Panama entraina une nouvelle augmentation des visites de navires, car l'île se trouve sur la route maritime reliant Balboa à la Nouvelle Zélande. 

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Pitcairn aujourd’hui :
L'île
 
L'île semble avoir été formée par l'activité volcanique, comme beaucoup d'îles du Pacifique, comme Hawaï ou Tahiti. 
 

Entourée de falaises volcaniques rouges-brunes et noires, très accores, l'île ne dispose que d'un point de débarquement, dans Bounty Bay.  Cette endroit n'est d'ailleurs pas une baie protégée, est une houle impressionnate s'y lève par vent de secteur nord. 
 
 
 
 

A l'est de la baie s'élève un pic d'où le point de vue sur la débarquement et la ville est impressionnant. Adamstown, la ville, est batie sur un espace en pente, bordant la falaise nord. 
 
 
 

Au sommet cette pente s'étend un grand plateau incliné qui occupe le sud est de l'île.  A l'ouest se trouve le demi cercle du cratère d'un volcan.  Le bord du cratère culmine à 347 mètres vers l'ouest, surplombant la mer.  Au nord il atteint 270 mètres. 
 

Ces quelques kilomètres carrés recèlent des paysages étonnament contrasté, depuis les  étendues de bush du plateau
 

jusqu'à l'étonnante découpe de rocher de Saint Paul's pool. 
 
 

 
  
 

Les terrains plats forment seulement 8% de la surface totale de l'île.  Les terrains en pente douce en couvrent 31%, les pentes plus dures 34%, et les falaises forment les 27% restant. Les très accueillants pitcairners font visiter leur île en une matinée en quad. 

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Les gens
 
Sur les 35 habitants qui peuplent actuellement l’île, la grande majorité sont des descendants directs des révoltés.  Certains ont un type européen, d'autres plus polynésien.  Mais les yeux foncés prédomminent, ainsi que les cheveux noirs. 
Ils parlent une langue qui est un mélange d’anglais et de tahitien.  Ils vous diront Wut a way you" pour "comment ça va" et "Humuch shep corl ya ?" pour savoir combien de bateaux s'arrêrent à Pitcairn.  Ils parlent de l'"outsideworld" pour tout ce qui n'est pas Pitcairn, et appelent l'ouest de leur île "tedside", c'est-à-dire "de l'autre coté" (the other side), parce que Adamstown se trouve de l'autre coté de la colline. La nomenclature des lieux fait d'ailleurs de nombreuses références à des faits divers qui y prirent place : John Catch a Caw, Where Tom Off, Timiti's crack etc... Ils ont aussi de très nombreuses expressions idéomatiques liées à la petite histoire de l'île, comme "rough as Albert", référence à un vieil habitant, qui, de plus en plus sourd, avait adopté un comportement de plus en plus brusque et dur. 

L'hospitalité est chez eux un mode de vie.  Toutes les familles ont l'habitude de loger chez eux des visiteurs, et si cette prestation est tarifée, l'accueil va bien au-delà du "manger et dormir". 

L'essentiel du revenu des habitants est assuré par la vente de souvenirs aux bateaux de passage.  Pour la plupart, il s'agit de bois sculpté, représentant des animaux marins, ou des maquettes de la Bounty.  Il y a bien sûr aussi des tee-shirts, casquettes etc...  L'administration fournit un certain nombre d'emplois rémunérés.  Sauf quelques uns (postier, policier), ce ne sont pas des emplois plein temps.   Tout le monde cumule donc plusieurs métiers (certains s'exerçant une heure par semaine, comme le ramassage des ordures). 

Les habitants ne paient pas d'impôts en argent, mais doivent fournir un travail en nature, le public work, au profit de la collectivité. Cela comprend par exemple l'entretien des bateaux appartenant à la communauté et du matériel de débarquement, le nettoyage des routes, auquel tout le monde participe tous les 15 jours, le débarquement des marchandises des bateaux ravitailleurs etc... Il existe quelques taxes pour la détention d'armes à feu (première taxe introduite, en 1968 seulement !), pour la conduite d'un véhicule à moteur, pour l'importation d'alcool (oui, oui, l'importation, même à des fins personnelles, pas seulement pour vendre; si vous commandez de l'alcool au bateau, il faut payer la taxe). 
Les caisses publiques sont aussi alimentées par la vente de timbres très recherché des collectionneurs, et depuis peu,  de cartes de téléphone.  Il a fallu attendre le 17 avril 1992 pour que le premier coup de téléphone soit donné à partir de l’île, via une communication satellite.  Le téléphone, très cher, n’a pas tout à fait supplanté la radio et Pitcairn peut se vanter d’avoir aujourd’hui le taux de radio amateurs par habitant le plus élevé du monde. 
Aucun satellite de télévision n'émet vers Pitcairn.  Les écrans que l'on trouve dans toutes les maisons ne servent donc qu'à la vidéo. 
Trois fois par an, un bateau approvisionne l'île.  Chaque famille fait sa commande personnelle à un grand magasin d'Auckland, et en plus, un magasion coopératif reçoit un stock de produit de première nécesité (dont, à la joie des Ataramiens, du Nutella, dont personne ne doute d'ailleurs qu'il soit un produit indispensable). 
L'agriculture fournit largement les produits frais, légumes et fruits. 
Il y a une école, dont l'instituteur est un "outsider" depuis 1948.  IL y a aussi une infirmerie, tenue traditionnellement par la femme du pasteur, désormais extérieurs. Les professions médicales sont couramment pratiquées par les membres de l'église adventiste, il est donc facile, parait-il, de trouver un couple dont l'homme soit pasteur et la femme infirmière pour occuper ce poste sur l'île.  C'est donc devenu une exigence.  L'instituteur (trice), le pasteur et sa femme sont sur l'île pour deux ans, prolongeable. 
Pitcairn, qui fut la première colonie britannique dans l’océan Pacifique en est aussi devenue la dernière dépendance dans la région.  L’île est administrée par le consulat britannique de Nouvelle-Zélande depuis 1971.  Le consul fait fonction de gouverneur des îles Pitcairn, Henderson, Ducie et Oeno (trois îles inhabitées qui se trouvent dans les parages de Pitcairn).  Le plus haut représentant de l’île est le « magistrate », élu pour 3 ans.  Il cumule les fonctions exécutives et judiciaires.  Il est assisté dans ses attributions par un Conseil composé de 9 personnes, dont plusieurs élues chaque année. 

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