Dès le matin,
nous commençons à soigner Ataram. Nous montons en tête
de mât évaluer les dégâts à l’enrouleur,
et repasser la drisse de
grand-voile. L'enrouleur a l’air réparable, il est «
simplement » sorti du profil qui entoure l’étai, et qui accueille
la voile, par au-dessus. Il semble manquer une pièce, mais
on imagine déjà comment la remplacer. En redescendant,
on en profite pour inspecter le gréement. Là, très
très mauvaise nouvelle :
un toron du bas-hauban tribord est sectionné. Ce câble
d’acier inoxydable est composé de 19 fils, un dedans, six autour,
puis douze encore. Un des fil est cassé. Un sur 19,
ça ne paraît pas grave, certes. Mais bien entendu, ça
fragilise l'ensemble, qui peut désormais éclater a tout moment
(comme tenir dix ans aussi). Donc il faut le changer. D’où
une très sensible baisse de moral sur Ataram. Car le remplacement
de ce câble depuis le bout du monde ne paraît pas évident.
Certes, on a tellement fréquenté les shipchandlers à
Tahiti qu'il y en a bien un ou deux qui nous aideront. Et on pourrait
recevoir la pièce par avion. Ce serait donc une escale prolongée
mais rien de dramatique (nous avons déjà remarqué
que se plaindre d'être bloqué dans ce genre d'endroit n'éveillait
que peu de compassion). Bref, ce pourrait n'être qu'un problème
de plus; il y a donc un "mais" : primo, il se pourrait qu'on ne trouve
pas a Tahiti les pièces qui servent à la fixation du câble
sur le mât et sur le pont (les ridoirs), et là on ne voit
pas tout à fait de solution. Secondo c'est, plus globalement,
la première trace d'usure de notre gréement, qui est vieux
de 13 ans. Or un gréement en inox est réputé
sûr pendant dix ans. Jusqu'ici, on assumait notre gréement
d'occasion; maintenant, on commence à en douter... En tout cas,
ça compromet nos idées d'Antarctique.
Mais ne nous laissons
pas abattre. Le premier coup de fil est le bon. Alain, le voilier
de la voilerie des Mers de Sud est génial : il s’occupera de tout,
malgré le boulot de fou qu’il a pour le moment. On va
lui envoyer tout notre bas-hauban par avion, et il remplacera ce qui doit
l’être suivant la conformité des pièces. Tout
peut revenir la semaine prochaine, si tout est à Papeete.
Encore une journée de suspens, et on apprend qu’il a tout trouvé.
Vive lui ! Et il va même nous envoyer la pièce pour
notre enrouleur. Ce type est magique ! Les petites âmes
sensibles des z’ataramiens se voient réconfortées par cette
aide de choc, et le moral décolle. On démonte tout
ce qui doit l’être, et quand il ne reste plus rien à faire
qu’à attendre, on se met à profiter de l’île.
Programme agréable
: promenades, barbecue chez Francis, le pêcheur professionnel de
l’île, et causette avec nos amis des bateaux, qui sont donc là
depuis trois mois ! Rencontre avec le taote (docteur) de l’île
: Sylvain fait son service militaire ici, Carine sa femme l’a suivi.
C’est la vedette du village, très sollicité !
Le climat se réchauffe
depuis qu’on est arrivé, mais les navigateurs nous disent qu’ils
ont eu froid pendant les mois d’hiver. Toutefois, le ciel fait encore
des siennes : le jour où nous choisissons de faire une plongée,
le beau bleu se transforme en gris noir en deux minutes, et il se met a
pleuvoir toute l’après-midi.
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