Journées du 30 septembre au 5 octobre : les Gambier
 
 
Dès le matin, nous commençons à soigner Ataram.  Nous montons en tête de mât évaluer les dégâts à l’enrouleur, et repasser la drisse de grand-voile.  L'enrouleur a l’air réparable, il est « simplement » sorti du profil qui entoure l’étai, et qui accueille la voile, par au-dessus.  Il semble manquer une pièce, mais on imagine déjà comment la remplacer.  En redescendant, on en profite pour inspecter le gréement.  Là, très très mauvaise nouvelle : un toron du bas-hauban tribord est sectionné. Ce câble d’acier inoxydable est composé de 19 fils, un dedans, six autour, puis douze encore.  Un des fil est cassé.  Un sur 19, ça ne paraît pas grave, certes.  Mais bien entendu, ça fragilise l'ensemble, qui peut désormais éclater a tout moment (comme tenir dix ans aussi).  Donc il faut le changer. D’où une très sensible baisse de moral sur Ataram.  Car le remplacement de ce câble depuis le bout du monde ne paraît pas évident.  Certes, on a tellement fréquenté les shipchandlers à Tahiti qu'il y en a bien un ou deux qui nous aideront.  Et on pourrait recevoir la pièce par avion.  Ce serait donc une escale prolongée mais rien de dramatique (nous avons déjà remarqué que se plaindre d'être bloqué dans ce genre d'endroit n'éveillait que peu de compassion). Bref, ce pourrait n'être qu'un problème de plus; il y a donc un "mais" : primo, il se pourrait qu'on ne trouve pas a Tahiti les pièces qui servent à la fixation du câble sur le mât et sur le pont (les ridoirs), et là on ne voit pas tout à fait de solution.  Secondo c'est, plus globalement, la première trace d'usure de notre gréement, qui est vieux de 13 ans.  Or un gréement en inox est réputé sûr pendant dix ans.  Jusqu'ici, on assumait notre gréement d'occasion; maintenant, on commence à en douter... En tout cas, ça compromet nos idées d'Antarctique.   

Mais ne nous laissons pas abattre.  Le premier coup de fil est le bon.  Alain, le voilier de la voilerie des Mers de Sud est génial : il s’occupera de tout, malgré le boulot de fou qu’il a pour le moment.   On va lui envoyer tout notre bas-hauban par avion, et il remplacera ce qui doit l’être suivant la conformité des pièces.  Tout peut revenir la semaine prochaine, si tout est à Papeete.  Encore une journée de suspens, et on apprend qu’il a tout trouvé.  Vive lui !  Et il va même nous envoyer la pièce pour notre enrouleur.  Ce type est magique !  Les petites âmes sensibles des z’ataramiens se voient réconfortées par cette aide de choc, et le moral décolle.  On démonte tout ce qui doit l’être, et quand il ne reste plus rien à faire qu’à attendre, on se met à profiter de l’île. 

Programme agréable : promenades, barbecue chez Francis, le pêcheur professionnel de l’île, et causette avec nos amis des bateaux, qui sont donc là depuis trois mois !  Rencontre avec le taote (docteur) de l’île : Sylvain fait son service militaire ici, Carine sa femme l’a suivi.  C’est la vedette du village, très sollicité !   

Le climat se réchauffe depuis qu’on est arrivé, mais les navigateurs nous disent qu’ils ont eu froid pendant les mois d’hiver.  Toutefois, le ciel fait encore des siennes : le jour où nous choisissons de faire une plongée, le beau bleu se transforme en gris noir en deux minutes, et il se met a pleuvoir toute l’après-midi.